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de mesurer avec précision la quantité dont un corps céleste se rapproche ou s’éloigne de nous, sa vitesse de rapprochement ou d’éloignement, sa vitesse radiale, comme on dit.

En appliquant, il y a quelques jours, cette méthode à Nova Cygni, on a donc constaté que cette étoile, comme les Novæ précédentes, présente des raies d’absorption fortement déplacées, — décalées, comme nous disons, — vers le violet. Cela signifie, — si aucune autre cause de décalage n’intervient, — que l’étoile projette dans notre direction des masses gazeuses abondantes animées de grandes vitesses. Pourquoi les voyons-nous projetées dans notre direction ? C’est que les gaz projetés par l’hémisphère de l’étoile qui nous est opposé ne sont pas accessibles à nos spectroscopes.

Quoi qu’il en soit, d’après les constatations apportées à l’Académie des Sciences, la Nova projetterait en abondance des gaz animés de vitesses voisines de 1 000 kilomètres par seconde. On y relève aussi des gaz animés de vitesses moindres, comme si, déjà éloignés de l’étoile par les forces explosives qui les ont projetés, leur vitesse s’était peu à peu amortie. En outre, M. Deslandres a signalé qu’on commence dès maintenant à apercevoir dans le spectre de la Nova les raies caractéristiques des nébuleuses.

C’est en effet une règle générale et toujours vérifiée, depuis que le spectroscope est appliqué aux étoiles nouvelles, que peu à peu, et à mesure que ces astres s’éteignent, leur spectre change de caractère et toujours de la même manière. Le fond du spectre s’affaiblit peu à peu, les raies brillantes se dessinent davantage et on voit apparaître les radiations qui caractérisent les nébuleuses. À la fin, seules ces dernières radiations subsistent. Il semble d’ailleurs réellement que les Novæ finissent en quelque manière par se transformer en nébuleuses. Il y a là une évolution exactement contraire à celle des théories cosmogoniques qui, comme celle de Laplace, font, à l’opposé, sortir les étoiles des nébuleuses, et ce n’est pas là le moindre des phénomènes paradoxaux que l’étude des étoiles nouvelles a manifestés. Quoi qu’il en soit, on trouve souvent la Nova, après son extinction, remplacée par une petite nébuleuse ronde à diamètre apparent notable. Tel fut le cas notamment pour Nova Aurigae de 1892, Nova Sagittarii de 1858, Nova Geminorum no 1 de 1913.

Mais la question que nous avons déjà effleurée à propos de l’étrange phénomène constaté dans Nova Persœi doit de nouveau se poser ici. S’il est vrai que les étoiles nouvelles finissent par être remplacées par des nébuleuses, cela veut-il dire que celles-là ont vrai-