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on essaye du moins d’en profiter pour organiser des installations d’ensemble, entièrement modernes, sans avoir, comme cela se produit toujours nécessairement dans une vieille mine, à tenir compte et à tirer parti du passé. Des types de machines et de matériel ont été ainsi étudiés en commun et des commandes ont été passées par la Commission technique du groupement.

C’est tout un énorme outillage à reconstituer : machines d’extraction et d’épuisement, turbines, ventilateurs, compresseurs, etc. On s’est efforcé de l’uniformiser, de le « standardiser » le plus possible, et c’est ainsi que l’on a adopté, pour les treuils d’extraction, les pompes, etc. un petit nombre de types susceptibles de répondre à tous les besoins. Il est inutile de dire que, dans l’exécution, on se heurte aux retards qui paralysent, en ce moment, toutes les industries. Ces retards ne sont pas seulement dus aux constructeurs, mais surtout aux transports. On pourrait citer tel envoi fait de la Sarre dans le bassin du Nord, au mois de mai 1919, envoi contenant des pièces de ventilateurs divisées en six wagons, qui, huit mois après, n’était pas encore parvenu à destination ; des pompes qui ont mis un an à arriver de Suisse, etc.

Dans certains cas, on a été amené à commander aux Allemands des machines qu’ils avaient fournies autrefois, puis systématiquement détruites, de manière à s’assurer une vente nouvelle : machines dont ils possédaient les modèles et qu’ils étaient seuls en état de construire.

Main-d’œuvre. — J’ai fait allusion plus haut au retour anticipé des mineurs sur nos mines du Nord. C’est dire que la main-d’œuvre n’a pas manqué jusqu’ici ; mais il n’en sera peut-être plus de même lorsque les mines travailleront à plein et lorsque l’on se trouvera en présence du double déchet, causé : d’abord par les pertes de la guerre ; ensuite, par l’application de la loi de huit heures. La plus grande difficulté, actuellement, est de loger ce personnel. A Anzin, où s’est fait le retour le plus actif, et où l’on est de toutes façons en avance d’une large étape, on a pu assez aisément réparer les cités ouvrières, qui avaient, en général, peu souffert, sauf sur la rive gauche de l’Escaut : on était arrivé ainsi à occuper, dès janvier 1920, la moitié du personnel employé avant-guerre. A Bully-Grenay (Béthune), qui avait travaillé jusqu’au bout sous le bombardement, la cité ouvrière, fait