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la destruction a été seulement réalisée à la dernière heure, n’avaient pu témoigner de la même prévoyance. En revanche, ces machines pouvaient être immédiatement utilisées dans le Nord, tandis qu’elles ne devaient malheureusement pas servir avant longtemps dans le Pas-de-Calais. Il fut donc décidé qu’une partie de ce matériel serait rétrocédée au Nord : ce qui permit, en même temps, d’aborder les solutions relatives au Pas-de-Calais avec des vues d’ensemble plus dégagées du passé, et de commander des types plus puissants que ceux qui avaient été antérieurement prévus. D’une manière générale, on a divisé les mines détruites en trois groupes principaux, suivant l’urgence de leur remise en marche dans l’intérêt national : 1° Anzin et Aniche ; 2° Dourges et Courrières ; 3° Lens et Liévin. On conçoit, par exemple, qu’il était inutile de fournir, en ce moment, des machines d’extraction à Lens qui ne pourra recommencer une extraction sérieuse avant longtemps.

La question du personnel n’est pas sans analogie avec la précédente, sauf qu’elle se pose à la fois, pour l’ensemble de la France et il ne semble pas que celle-là ait été résolue par l’Etat avec une méthode suffisante. Tant que les travaux du fond seront arrêtés ou très réduits dans les mines détruites du Pas-de-Calais, il eût été d’une bonne politique générale de laisser les mineurs réfugiés dans les mines du Centre, de Saint-Etienne ou du Gard, où leur départ a provoqué une crise, qui a beaucoup contribué à la disette de charbon actuelle. Dans le Nord, on pouvait aisément les remplacer par des manœuvres, ou des ouvriers d’autres métiers. On n’a pas osé arrêter le retour de tous ces hommes qui languissaient dans des pays étrangers, auxquels ils n’avaient pu s’accoutumer, dont ils comprenaient à peine la langue, dans des mines où tout, jusqu’au mode de travail, les surprenait. On les a laissés céder à l’attirance de leur pays saccagé, où ils sont retournés vivre dans des baraques de planches ou des caves. Ce sentiment est très naturel ; mais la satisfaction prématurée en a été fâcheuse pour l’ensemble du pays.

Malgré ces légères observations, des résultats fort intéressants ont été obtenus dans la voie de la centralisation et de la « standardisation » et je vais commencer par les résumer, en examinant tour à tour le problème financier, la distribution de force, l’unification de l’outillage, la main-d’œuvre, afin de pouvoir ensuite aborder plus librement la description de trois cas particuliers.