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ferraille les pièces métalliques, les broches de filature. On a fait sauter à la dynamite les hauts-fourneaux, les fours ou les fonderies. Du moins, si l’on se voyait contraint d’épargner la carcasse extérieure, on a coupé le haut-fourneau de la soufflerie, dépouillé le four Martin de ses indispensables produits réfractaires. Au moment où il s’agit pour nous de remettre en état nos mines dévastées, c’est ainsi tout notre outillage industriel qui nous fait défaut…


II. — ÉTAPES GÉNÉRALES DE LA RÉFECTION. — OPÉRATIONS D’ENSEMBLE

Lorsque nous sommes rentrée en possession de nos mines, les techniciens, si préparés qu’ils fussent, éprouvèrent une première impression d’effarement. On n’avait pas traversé les années de guerre sans s’inquiéter de ce que devenaient nos charbonnages et sans recevoir parfois des renseignements sur ce qui s’y passait. À Paris, on avait, en conséquence, commandé de bonne heure des machines d’extraction et d’épuisement pour remplacer les premières machines détruites du Pas-de-Calais ; tandis que, sur les mines, les ingénieurs restés à leur poste multipliaient les mesures de préservation pour parer aux inconvénients d’un chômage. Mais on se trouvait en présence d’une destruction dépassant tout ce qu’on avait imaginé. La région envahie de nos mines avait été transformée en un désert, séparé du reste de la France par un autre désert, où il ne restait plus ni routes, ni ponts, ni canaux, ni voies ferrées. Avant de se mettre localement à la besogne, il fallait évidemment, tout d’abord, rétablir les moyens de communication. Ce fut la première tâche, la plus urgente, et on peut dire qu’elle a été très remarquablement exécutée, puisqu’un an après l’armistice à peu près tout notre réseau ferré était rétabli. Je vais me trouver ainsi passer sous silence ce côté essentiel de la reconstitution, précisément parce qu’il appartient désormais au passé ; mais il aurait été injuste, ayant tout à l’heure à insister sur des points où la rapidité n’a pu être aussi grande, de ne pas signaler d’abord l’œuvre immense accomplie sur nos voies ferrées. Sur le seul réseau du Nord, il a fallu refaire 1 966 kilomètres de voies, 1 100 ponts, 9 viaducs et 4 tunnels ; sur le réseau de l’Est, 2 300 kilomètres de voies, 410 ponts et 10 tunnels…

Pour les mines elles-mêmes, le programme de réfection