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métallurgiques travaillent à peine à demi-rendement, quelques-unes même ayant dû fermer. Pour la même raison, nous n’avons pas à craindre la surabondance de sel, alors que nos mines où on traite les eaux salées par évaporation se trouvent subir un prix du combustible presque prohibitif. Partout, et la même où nous aurions dû être les plus riches, c’est à la disette que nous nous heurtons.

Nous sommes ainsi, engagés dans un terrible cercle vicieux, dont la France finira certainement par sortir, comme elle a triomphé de dangers plus graves, à force d’ingéniosité, d’ardeur au travail et, pour employer le mot caractéristique, de « débrouillage, » mais qui, pendant deux ou trois ans au moins, demeurera singulièrement préoccupant. Tant que nous ne produirons pas assez, notre change restera bas, les prix des acquisitions indispensables pour remettre nos usines en marche seront triplés, quadruplés peut-être ; le coût de la vie continuera à subir un accroissement comparable ; la crise humaine s’ajoutera à la crise matérielle et notre reconstitution même sera retardée. Or, pour produire, il ne faut pas seulement que nos usines soient reconstruites, il faut aussi qu’elles reçoivent du charbon : que ce charbon soit, d’abord produit dans les mines, puis amené par les chemins de fer au point d’utilisation. La difficulté d’extraire du charbon ou de s’en procurer au dehors et de le transporter domine tous les malaises de l’heure présente et, quelque effort que l’on fasse, la reconstitution d’une mine détruite comme l’ont été les nôtres, suivant une méthode savante, non par un accident de guerre, demande des années. Sans vouloir critiquer aucun législateur et tout en reconnaissant la complexité extrême de phénomènes presque sans précédent, on ne peut s’empêcher de regretter profondément qu’au moment où le monde entier a tellement besoin dû houille, les mineurs du monde entier aient pris et imposé leur résolution d’en moins produire. Dans le cas spécial des mines, la limitation légale du travail est un mal qui sévit partout, mais qui atteint au cœur notre malheureux pays, — le seul où l’industrie charbonnière ait été annihilée par la volonté ennemie dans la proportion d’au moins la moitié, et où il aurait été, par conséquent, indispensable de demander un supplément de travail à l’autre moitié.

Je n’ignore pas les espoirs que l’on fonde en haut lieu, — probablement avec juste raison, — sur le développement de la