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n’étaient guère que des visites ; on a continué par des missions annuelles, enfin sont venues les fondations définitives. La bonne volonté des Américains, et l’effort de nos grands universitaires, comme Joseph Bédier et Gustave Lanson, ont réalisé cette noble union de la pensée. Demain encore, une des plus belles et des plus illustres maisons, celle de Yale, ouvrira ses portes à un professeur français.

Quelquefois, ce sont des échanges que les pays étrangers veulent établir avec nous : tant mieux, puisque nous nous enrichissons ainsi en même temps que nous donnons, et puisque les échanges nous permettent de rester plus fidèles à notre esprit, lequel veut que nous servions d’intermédiaires, et ne prétendions nulle part nous imposer. Multiplions-les donc, pour l’intérêt universel ! D’après un accord tout récemment conclu avec l’Angleterre, des établissements scolaires, de l’un et de l’autre côté du détroit, se sont associés chacun à chacun ; des groupes d’élèves passent ainsi du lycée Condorcet au Merchant Taylor’s School, du lycée de Tours au Whitgift Grammar School, du lycée de jeunes filles de Poitiers à la Municipal School d’Ipswich ; et réciproquement. L’Italie, qui avait si favorablement accueilli déjà nos Instituts de Florence, de Milan, de Naples, est sur le point de recevoir un professeur français à l’Université de Rome, tandis qu’elle enverra un de ses maîtres au Collège de France ; en pleine guerre a été définitivement passée une convention qui instituait des échanges entre professeurs de l’enseignement secondaire italien et français. Une Conférence interuniversitaire franco-suisse, tenue à Genève en septembre-octobre 1919, a réglé les équivalences pour les étudiants : résultat dont nous avons tout lieu de nous réjouir, si nous nous rappelons la puissante emprise de l’Allemagne sur l’enseignement helvétique : au point que les professeurs suisses se sentaient menacés jusque chez eux, et devaient se liguer pour se défendre contre une invasion sans cesse grandissante. Grâce à l’activité de nos hispanisants, des accords universitaires ont été conclus et resserrés avec l’Espagne, à Paris en 1919, à l’Institut français de Madrid en 1920. Aucune nation n’entre plus résolument dans la voie des échanges, ici encore, que les États-Unis, mettant à la disposition de nos étudiants et de nos étudiantes un nombre de bourses presque incroyable. L’Association of Colleges n’a pas appelé, cette année même, moins de