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pour entraver la manifestation : car la présidence de la fête avait été offerte au prince héritier. Aussi, après la signature de l’armistice, le représentant de la France fut-il reçu au lycée ottoman avec le plus grand respect, et le ministre de l’instruction publique s’est-il rallié à l’organisation de l’enseignement dans un sens français.

Cela ne veut pas dire que toutes les ruines soient si aisément relevées. Restent les réparations légitimes des dommages matériels, la situation politique encore incertaine, et surtout, les vides à combler dans nos propres rangs. La guerre a fait parmi les Français trop de ravages pour qu’ils puissent aussitôt remplacer les morts ; ces pertes se sont ajoutées aux difficultés qui menaçaient déjà le recrutement de nos missionnaires ; dans cet Orient qui demande de si nombreux moissonneurs, l’enseignement de notre langue en souffrira. Mais dans ce bilan que nous dressons, constatons encore que, même où les pertes auraient pu nous être particulièrement sensibles, elles sont restées moins grandes que nous ne craignions. Le Congrès français de la Syrie, tenu à Marseille dès le mois de janvier 1919, et où le gouvernement, les différents ordres religieux, l’Alliance israélite, la Mission laïque, l’Alliance française, se trouvaient représentés côte à côte dans la section de l’enseignement, a été une manifestation heureuse, courageuse, féconde, à la fois de notre union plus étroite, et de nos activités reprises. Est-il besoin d’ajouter que les récents événements qui se sont produits en Syrie, et les succès de nos armes, ne seront pas inutiles à la diffusion de notre langue, et achèveront de sanctionner nos droits ?

En Égypte, la question est plus délicate sans doute, puisqu’elle prend un caractère politique. Contentons-nous de constater que « le moment est particulièrement favorable à la renaissance et au développement de nos institutions d’enseignement[1]. » Nos écoles sont non seulement pleines, mais trop petites. Le lycée du Caire, qui compte 450 élèves, doit doubler ses locaux. Le nombre des élèves du lycée d’Alexandrie a passé, par une progression continue d’année en année, de 360 élèves (1913-1914) à 723 (1918-1919). Les candidats au baccalauréat français ont décuplé en cinq ans.

  1. R. Maunier, Note sur les Écoles françaises de la Haute-Égypte, Revue internationale de l’Enseignement, juillet 1920.