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générale de déclencher les tirs de barrage sans ordres, dès qu’elles entendent des mitrailleuses en action. Mais encore faut-il que le vent soit favorable, et, d’autre part, la dépense de munitions se ressentira de la liberté que je laisse à l’artillerie.

Vers 8 h. 45, les attaques d’infanterie cessent sans avoir obtenu le moindre succès. Une cinquantaine d’Allemands se sont rendus aux troupes belges entre le canal d’Handzaeme et la route de Beerst.

Pour combler nos pertes, je demande à la marine, par télégraphe, six lieutenants de vaisseau, six enseignes, un médecin de 1re  classe, 16 officiers-mariniers et 300 quartiers-maîtres ou matelots.

À la fin de la matinée, je mets un capitaine de frégate à la disposition du colonel Jacques, pour le seconder dans le commandement des compagnies de marins de la tête de pont. Puis j’examine les tranchées creusées au carrefour d’Oude-Barreel, et, les trouvant insuffisantes, je prescris d’en construire d’autres, en particulier face au Nord, afin de pouvoir y abriter 8 compagnies au besoin, puisque nous ne disposons d’aucun cantonnement. Malheureusement, ces tranchées sont des plus médiocres, parce que l’on trouve l’eau à faible profondeur.

À 13 heures, le bombardement reprend d’une façon générale et violente. Au bout de peu de temps, de nombreux incendies s’allument dans Dixmude, dont l’église est en flammes et le beffroi très éprouvé. Vers 14 heures, un obus lourd éclate dans le hall de l’Hôtel de Ville, fauchant une quarantaine de soldats belges d’un seul coup, et le colonel Jacques est obligé de transférer ailleurs son poste de commandement. Les marins subissent aussi de fortes pertes dans la ville qui devient intenable. Les ponts de l’Yser et les routes en arrière ne sont pas épargnés non plus, et mon Q. G. de la gare de Caeskerke reçoit la part qui lui revient du fait de sa situation au passage à niveau de la route et point de rebroussement des voies ferrées de Nieuport et de Furnes. Plus en arrière encore, les Allemands balaient la route d’Oude-Barreel à Oudecappelle fréquemment parcourue par nos convois, et l’une de nos voitures à vivres y reçoit un obus qui la met en miettes et volatilise le cuirassier conducteur.

Vers 19 heures, je suis averti que des tranchées occupées par des Belges et des marins viennent d’être prises par l’ennemi, et qu’un mouvement de repli se dessine. J’ordonne aussitôt de