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en arrière des avant-postes du bataillon Mauros qui tiennent le pont de la route Eessen-Vladsloo sur le canal d’Handzaeme. Ces obus viennent d’une batterie à l’Ouest de l’Yser, qui a Vladsloo pour objectif, mais tire beaucoup trop à droite. Ensuite, la 4e D. A. informe que les Allemands ont repris Keyem, et demande que l’attaque du Sud se dessine le plus tôt possible.

Par un officier de mon état-major que j’ai posté au haut du beffroi de Dixmude à 11 heures, j’apprends successivement que : à 11 heures 30, notre colonne de droite a atteint et dépassé Vladsloo, tandis que la colonne de gauche est arrêtée au nœud de routes à l’Ouest de Beerst, où la fusillade est nourrie ; à midi 20, la colonne de gauche est toujours stationnaire, sa tête engagée au Nord-Ouest de Beerst ; nos troupes sont canonnées par l’artillerie allemande qui paraît être établie à Witte-Poorthoek, Langenhoek, Hoogeveld d’une part, et Kasteelhoek (Sud-Ouest de Keyem) d’autre part. Ordre est donné d’ouvrir le feu de notre artillerie sur ces villages.

A 14 heures, j’apprends que les Belges n’occupaient pas Beerst, mais seulement le nœud de routes à l’Ouest du village. Naturellement, notre colonne de gauche, en marche sur Keyem, a été attaquée sur son flanc droit, et le bataillon Jeanniot a dû faire face à l’Est, à cheval sur l’embranchement de route qui mène de Beerst, tandis que le bataillon Conti, face au Nord, a dû arrêter son mouvement. Le commandant Varney n’a pas encore pu se mettre en liaison avec le bataillon Mauros du côté de Vladsloo. Nous avons subi des pertes assez lourdes, et le commandant Varney me demande de relever le bataillon Jeanniot qui est assez éprouvé.

Je ne puis faire ouvrir le feu de notre artillerie sur Beerst où nos troupes peuvent entrer d’un moment à l’autre, et pour essayer de me rendre compte de la situation par moi-même, je monte au sommet du clocher. Mais je n’y vois rien de plus, et, ne comprenant pas le stationnement prolongé de nos bataillons, je me rends au front, en auto, pour l’éclaircir sur place. En sortant de la ville, je prescris au bataillon Rabot d’aller relever le bataillon Jeanniot, et au bataillon de Kerros d’attaquer Beerst directement par le Sud, à travers les prairies, pour faire la jonction des deux colonnes.

En arrivant sur le terrain, vers 16 heures, j’y trouve un entassement de nos troupes aux lisières Sud-Ouest de Beerst d’où