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du Kulturkampf. C’est en effet l’époque de la grande défection française, le moment où le pays de Louis XIV et de Napoléon renonce définitivement à soutenir les particularismes allemands dans leur lutte contre l’Empire. En 1876, les Historisch-politische Blätter soulignent ce qu’il y a de décevant dans l’attitude des Chambres de Versailles ; elles mentionnent la loi Waddington, qui veut remettre le monopole de l’enseignement secondaire entre les mains de l’Etat, les déclamations de Gambetta contre le jésuitisme, la ligue de Jean Macé[1]. Ce n’est pas là ce qu’on attendait en Bavière d’un peuple si durement éprouvé et qui devait retrouver son prestige. Et le grand organe catholique nous invitait à nous défier des suggestions de Bismarck, à nous souvenir de la maxime Et ab hoste doceri.

Avec les années, les alarmes devinrent plus vives. Les décrets qui suspendaient l’inamovibilité de la magistrature, La persécution contre les congrégations, les lois scolaires, les manifestations libertaires lors de l’enterrement de Blanqui soulevèrent une poignante inquiétude. A Paris il n’y avait plus d’autorité, sauf celle des puissances d’argent qui avaient pris le dessus depuis la victoire des républicains ; dans cette pseudo-démocratie, la presse vendue ou à vendre était à la discrétion de la Bourse. Qui gouverne en France ? s’écriaient en 1881 les Historisch-politische Blätter. En 1886 elles consacraient un article aux progrès du Kulturkampf en France, puis un autre encore dans lequel elles indiquaient que la France en était arrivée au dernier stade du désordre intérieur[2]. Plus tard, lorsque les ministères Waldeck-Rousseau et Combes occupèrent le pouvoir, la même revue ne cacha pas sa désapprobation. Ces gouvernements violaient l’esprit du Concordat, mettaient tout en œuvre pour avoir des évêques faibles, persécutaient les fonctionnaires qui allaient à l’église. C’était là sans doute l’œuvre d’une minorité, concédait-on, mais une œuvre pleine de périls. Les catholiques bavarois, au contraire des protestants de l’Allemagne du Nord, ne montraient aucune Schadenfreude et n’encourageaient pas la France à des mesures de destruction sociale. Ils déploraient l’abaissement de la natalité qui diminuait les forces de la nation, mais en même temps ils

  1. Ib. 1875, T. 76, p. 62 — 1876, T. 77, p. 8 ; T. 78, p. 235 et 236.
  2. Ib. 1881. T. 87, Aus Frankreich ; T. 88, Wer regient in Frankreich ? 1886 T. 97, p. 241, T. 98, p. 854.