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contre les troupes françaises. En temps de paix, aucun gouvernement digne de ce nom n’aurait toléré que l’on imprimât un tel amas de faussetés et de mensonges. A plus forte raison en temps de guerre, lorsqu’une armée étrangère était encore campée dans le pays. En réalité, Palm, qui n’était pas Bavarois, mais citoyen de la ville libre de Nuremberg, et qui aurait été sauvé, s’il avait été sujet de Maximilien, tentait de fomenter une révolte à main armée contre la France. Ces considérations, fait remarquer Bitterauf, suffisent à expliquer la répression ; loin d’encourager des cruautés quelconques, Berthier prit à cœur de maintenir une sévère discipline parmi ses troupes et d’alléger le fardeau que l’occupation causait aux habitants.

En somme, l’alliance franco-bavaroise n’avait pas laissé de mauvais souvenirs. On le vit bien en 1906, centenaire de l’érection de l’électorat en royaume[1]« Le président de la Chambre des députés, en un discours très appuyé, et qui provoqua les vives critiques de la presse berlinoise, célébra l’heureux temps où les Wittelsbach avaient obtenu la couronne qu’ils convoitaient. Le jour anniversaire fut marqué par des actions de grâces dans toutes les églises bavaroises. Le Simplicissimus publia une belle image représentant un paysan bavarois et un paysan wurtembergeois à genoux devant un Napoléon qui trônait dans les nues célestes. « Nous pouvons, écrivit Dœberl, contempler avec fierté le royaume de Bavière et la royauté bavaroise, la plus haute dignité en Allemagne après la couronne impériale. Cette situation résulte du renforcement de notre pays par la politique de Montgelas : nous pouvons aussi en remercier les mânes de l’homme qui a créé la moderne Bavière. » Les poètes de leur côté, tel Gottfried von Böhm, composèrent des strophes enthousiastes.

Ein Jahrhundert ist verflossen,
In der Zeiten dunkler Flut,
Seit ein Königsreif umschlossen,
Unsern alten Herzogshut.
Damals fielen morsche Schranken,
Ein Gesetz macht alle gleich,
Pfalz und Bayern, Schwaben, Franken,
Fügten sich in einem Reich.

  1. 1906 était également le centenaire d’Iéna.