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espérances de la Bavière, et que Napoléon, quand il a dicté la paix de Presbourg, a su récompenser les importants services que l’électeur lui avait rendus[1]. Franziss souligne que Maximilien en 1805 a bel et bien abandonné la cause du Saint-Empire ; mais il observe que la Prusse à Bâle en avait fait autant : « Dans ces temps difficiles de la domination napoléonienne, dit-il, la sagesse du premier roi bavarois et de son ministre le baron de Montgelas a non seulement sauvé l’existence de la Bavière, mais elle en a encore accru considérablement l’importance politique. »

Fester proclame que la Confédération du Rhin était une nécessité, et qu’elle se justifie par toute l’histoire du peuple allemand depuis la chute des Hohenstaufen. Denk et Weiss versent bien quelques pleurs sur le sort de l’infortunée Bavière, forcée d’obéir à des étrangers ; ils regrettent aussi que les sacrifices de leur pays n’aient pas été suffisamment récompensés ; mais ils font âprement le compte de ce qu’il a gagné en nombre d’habitants et en kilomètres carrés ; ils se réjouissent des accroissements de territoire et de puissance qui ont été son lot ; ils approuvent Montgelas et le défendent par des arguments sans réplique : « On pensera de cet homme d’Etat ce qu’on voudra, écrivent-ils. Pourtant il y a un fait indiscutable : il a rendu grande la Bavière, et c’est à bon droit que Maximilien-Joseph lui a mis la couronne royale dans ses armes. Avant lui la Bavière ne comptait que 900 kilomètres carrés avec 2 millions d’âmes ; par lui, elle en posséda 1 400, peuplés de 4 millions d’habitants. »

Dans toute cette histoire il n’y a guère qu’un point noir, le grand crime des Français, selon les libéraux à tendance prussienne et les pangermanistes, un crime auquel fait assez aigrement allusion le livre de Denk et Weiss : l’exécution du libraire Palm, de Nuremberg, fusillé pour avoir conspiré contre Napoléon. Mais ici encore une voix s’élève pour prendre la défense de l’Empereur et pour le justifier : c’est celle de Bitterauf[2]. La brochure que répandait Palm était un pamphlet dénué de toute valeur, que son auteur, Yelin von Winterhausen, avait bourré de calomnies absolument gratuites dirigées

  1. Ledermann (de Kaufbeuren), Der Anschluss Bayerns an Frankreich im Jahre 1805 (1901), p. 76.
  2. Th. Bitterauf, Geschichte des Rheinbundes, t. I, p. 429 sq.