Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même bataille, la lutte soutenue par l’artillerie du deuxième corps, enfin Bazeilles en flammes ; Birkmajer a montré les troupes royales arrivant devant Paris ; H. Lang le prince Léopold au combat de Villepion. De même Von der Tann et von Hoffmann, les deux généraux qui commandaient alors, sont populaires parmi les enfants des écoles, auxquels on enseigne en même temps qu’en 1807 leurs grands-pères ont fait campagne contre la Prusse et qu’en 1809 ils ont remporté sur les Autrichiens la victoire d’Abensberg. L’histoire de Denk et Weiss glorifie à la fois les combattants de Russie, puis ceux de Woerth, de Sedan, d’Orléans et de Beaugency. Tout cela se mêle et s’enchevêtre ; une chose seulement surnage partout et partout reste immuable : l’amour de la Bavière.

Sauf quelques hommes à sympathies résolument françaises, les autres n’ont pas une doctrine invariable, ou du moins n’en expriment systématiquement aucune. Il importe donc de prendre les faits un a un et d’apporter des témoignages. La première question est de savoir comment est jugée la politique française de Maximilien Ier. Elle ne rencontre presque aucune désapprobation. Napoléon, sauf quelques réserves, est dépeint comme une manière de héros. « Le Corse, écrit l’historien Schreiber[1], était un génie mathématique et calculateur, sans enthousiasme, pour les choses élevées et idéales, mais plein de pensées créatrices. Il savait utiliser avec la rapidité de l’éclair tous les événements, toutes les situations, toutes les circonstances, pour atteindre son but suprême, la domination de l’univers. Son sang bouillant de méridional le poussait à exécuter très rapidement ce qu’il avait conçu, avec une volonté de fer et une opiniâtreté dénuée d’égards. Il cachait une ardeur passionnée sous une tranquillité apparente et une froideur marmoréenne. Napoléon était d’une stature petite et ramassée, mais il avait une tête belle et énergique, semblable à celle d’un empereur romain. Dans son simple uniforme bleu, avec son petit chapeau, il parlait brièvement, avec véhémence, laconiquement… Par l’ampleur de son esprit et la gloire de ses actions, il ensorcelait tout le monde. Il a surpassé les plus grands monarques et les plus grands généraux, Alexandre de Macédoine, Jules César, Charlemagne et Frédéric II, car tous ces

  1. Schreiber, Geschichte Bayerns in Verbindung mil der deutschen Geschichte (1891, T. II, p. 335.