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racontent la campagne sans la déplorer comme une erreur. Denk et Weiss relèvent que les Bavarois ont défendu comme il convenait leur honneur militaire, et que, parmi toutes les armées des États secondaires, la leur s’est montrée l’adversaire la plus redoutable de la Prusse, quoiqu’elle fût inférieure au point de vue de l’organisation. Une illustration du livre reproduit même le combat de Rosbrunn, le 26 juillet, où des cuirassiers et des chevau-légers bavarois anéantirent des hussards et des dragons prussiens.

Qu’est-ce à dire ? Il faut conclure de tous ces faits que la vieille politique nationale n’a pas renoncé à ses directions traditionnelles. Le 5 novembre 1866, von der Pfordten adressait à ses diplomates une circulaire très caractéristique : « Depuis 1848, écrivait-il, la Bavière a eu comme principe de consentir dans la Confédération aux réformes qu’adopteraient ensemble l’Autriche et la Prusse, mais sans contracter alliance avec l’une ou l’autre de ces puissances agissant pour son propre compte, et cela aussi bien dans l’intérêt du royaume que dans celui de l’Allemagne en général, car alors il y aurait danger de médiatisation de la Bavière et de dissolution de l’Allemagne. » En d’autres termes, il serait souhaitable que la Prusse et l’Autriche se fissent équilibre, et cela seulement permet à la Bavière de subsister. « A vrai dire, écrit Franziss en 1894, le mot de politique bavaroise provoque des haussements d’épaules dans certains cercles où on le considère comme incompréhensible. Cela vient de ce qu’on y a une trop insuffisante connaissance de l’histoire et de l’importance du pays… Aucun État moyen en Europe n’a à défendre des intérêts plus élevés et plus considérables que n’en a la Bavière. »

Donc, si l’Autriche était trop puissante en Allemagne, le royaume devrait chercher dans la Prusse une alliée contre elle, et c’est ce qui s’est produit à la fin du XVIIIe siècle. Il pourrait tout aussi bien grouper autour de lui d’autres États allemands, ou même faire appel à l’étranger, comme à l’époque de la Confédération du Rhin. Hors des temps de crise, il y a le système de la bascule, qui a été très en faveur entre 1815 et 1866. Que la Prusse, au contraire, tente d’établir son hégémonie, et la Bavière se range du côté de l’Autriche comme on l’a vu au moment de Sadowa. Que cette hégémonie, enfin, soit un fait accompli, comme après 1870, alors lu royaume, devenu