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comment finit la guerre.

dier, c’est toute la guerre, dont il s’agit de dégager les principes à travers les formes mouvantes, en répétant sans cesse : Il n’y a pas de règles précises, déterminées. Les choses ne se ressemblent jamais. L’expérience de la guerre est infiniment précieuse ; elle développe l’initiative, la volonté, la maîtrise de soi, toutes les qualités du caractère ; chez ceux qui sont nés chefs, elle montre le goût des responsabilités ; elle ouvre l’intelligence et permet de comprendre rapidement une situation, à condition qu’on ne cherche pas dans sa mémoire une situation semblable ; elle donne enfin la connaissance du matériel qui ne change pas, le plus précieux et le plus délicat de tous, le matériel humain. Mais l’expérience demande à être complétée par la réflexion et par l’étude.

L’ARMÉE DANS LA NATION


L’armée française, qui était pendant la guerre la nation elle-même, maintiendra certainement avec le pays une union plus étroite qu’avant la terrible épreuve. Les anciens préjugés ne subsistent plus que dans de rares esprits incapables de se transformer ; la vieille crainte s’est évanouie de voir la France payer de sa liberté la victoire.

Il y a un esprit d’après-guerre et il faut compter avec lui. Ce n’est pas en vain que tous les Français ont vécu dans la tranchée côte à côte pendant plus de quatre ans et qu’ils ont mêlé leur sang en faisant triompher la plus juste des causes. Les luttes des partis sont la vie même d’un peuple libre, et l’union sacrée ne pouvait survivre à la guerre qui l’avait créée, mais il en reste des souvenirs que la génération présente ne peut oublier et qu’elle se doit à elle-même de transmettre à la suivante.

Les associations d’anciens combattants qui se sont formées sont toutes à encourager. Elles doivent rester unies, et favoriser également les unions des anciens soldats de chaque régiment, qui se retrouveront entre eux comme au sein d’une famille, et un contact aussi étroit que possible doit exister entre ces associations régimentaires et le corps actif. Les glorieuses traditions de la Grande Guerre doivent se transmettre ainsi et continuer l’union de tous les Français.

L’École doit y préparer par l’étude de l’histoire. Signalons à ce propos l’étrange façon dont les règlements officiels prescrivent