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comment finit la guerre.

armée coloniale indigène qui rend visible a tous les yeux la figure de la plus grande France, préparer à toutes les éventualités la nation qui vient de sauver la liberté du monde, ce sont là de belles et grandes tâches auxquelles on peut rêver de consacrer sa vie. Encore faut-il que cette existence n’apparaisse pas rapetissée par des soucis matériels de tous les instants, et que les vocations naissantes ne soient pas contrariées par la prudence des familles, inquiétées par l’avenir de privations qui s’ouvrirait devant leurs fils.

Il est devenu très urgent de relever notablement toutes les soldes des officiers et des sous-officiers, et très notablement les indemnités de famille. C’est la première condition pour que l’armée permanente puisse recruter ses cadres.

Le programme d’entrée ainsi que l’enseignement des écoles militaires devra s’élargir beaucoup. L’histoire générale, l’économie politique et l’étude de la langue anglaise y entreront. La spécialisation se fera ensuite, dans des écoles d’application. Au cours de leur carrière, les officiers viendront se réunir dans des centres de renseignements d’où sera bannie toute apparence de scolarité et où ils se mettront au courant des derniers perfectionnements de l’armement et des changements qu’ils ont amenés dans les idées militaires. Les officiers de complément pourront très avantageusement être admis à ces conférences et prendre part aux mêmes travaux que les officiers de l’armée active.

LA DOCTRINE DE GUERRE


Quel sera l’esprit de cet enseignement militaire ? Comment s’établira la doctrine de guerre ?

L’École supérieure de guerre a donné à l’armée française des états-majors remarquables. Les décisions du commandement étaient bien préparées, et leur exécution se réalisait dans toute la mesure du possible ; les mouvements de troupes très bien réglés s’exécutaient par voie ferrée ou par camions automobiles avec une rapidité qui a souvent surpris ; les troupes étaient bien nourries, et approvisionnées en munitions dans toute la mesure où le permettaient les disponibilités ; le service des renseignements, qui se bornait au début à établir l’ordre de bataille ennemi, n’a pas tardé à élargir son horizon. Ces états-