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comment finit la guerre.

consommation du charbon et d’empêcher l’Allemagne de constituer des stocks pour les trains militaires.

Mais cette surveillance se heurte à une mauvaise volonté croissante, et sa nécessité n’en est pas comprise avec une égale clarté par tous les Alliés. On eût fait d’une pierre deux coups en organisant le contrôle financier de l’Allemagne, et les froissements inévitables n’eussent pas été sensiblement augmentés. Puisque le débiteur se déclarait insolvable, il était légitime de constituer un syndic de la faillite et d’administrer ses biens. Le paiement des indemnités de guerre, les livraisons de charbon et le désarmement effectif eussent été en même temps assurés.

Contre le danger de l’Est, le traité a laissé la garde du Rhin aux armées alliées ; mais, en fait, la France en assume la charge principale ; elle a, en outre, des obligations en Orient ; sa position en Syrie et en Cilicie est grevée par des incertitudes qui ont persisté trop longtemps et qui la contraignent à l’entretien d’effectifs importants. Les troupes françaises continuent à assurer l’ordre dans les territoires où le plébiscite a été ordonné. Des états-majors et des cadres français instruisent les armées des nouvelles nations libérées. Au Maroc, l’œuvre de pacification est loin d’être achevée. Aucune guerre ne s’est terminée en laissant de pareilles charges militaires au vainqueur.

LA NOUVELLE ARMÉE FRANÇAISE ET SES CADRES


La France se trouve donc dans l’absolue nécessité de garder une forte armée. Renonçant délibérément à la garantie d’une dangereuse neutralité, la Belgique prend place à ses côtés, consacrant les liens qui l’attachent à la France depuis sa naissance avec la parenté de race et de civilisation et la fraternité des armes, à tout jamais inoubliable. Instruite par une cruelle expérience, elle sait ce que valent les traités les plus solennels, garantis par la signature de toutes les grandes Puissances, et ce qu’il faut de force pour assurer le triomphe du droit.

Les effectifs actuels de l’armée française suffisent à peine à ses tâches multiples et personne ne peut prévoir à quelle époque, — lointaine en tout cas, — il sera possible de les réduire. La fin des plébiscites et l’éclaircissement de la situation en Orient ne rendra disponibles que peu de troupes ; la Syrie et le Maroc, même après la pacification complète, exigeront de fortes garni-