Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 58.djvu/856

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prendre. Seuls nos chasseurs avaient encore gagné un peu de terrain vers l’Est sur les hauteurs Sud d’Ablain-Saint-Nazaire et sur les plateaux de Carency dont ils avaient enlevé les maisons Ouest.

Ainsi finissait cette dernière journée de la bataille d’Arras. Les grands coups allaient maintenant se donner plus au Nord, et, des deux côtés, nous allions cette fois-ci « courir à la mer. »


VIII. — LA STABILISATION DE LA 10e ARMÉE

Ce n’est pas à dire que le front d’Arras resta inactif à partir du 8 octobre. Loin de là, mais il ne subit autour de la ville héroïque que des fluctuations insignifiantes, les armées adverses étant épuisées, les forces opposées s’étant à peu près équilibrées, et les renforts frais qui, de part et d’autre, furent amenés n’étant parvenus à faire subir au front que des modifications de détail.

Le 8 octobre, l’attaque fut reprise par nous au Nord d’Arras. Deux points, celui de Notre-Dame-de-Lorette et celui de Souciiez, concentraient sur eux l’émotion et l’intérêt au poste de commandement d’Aubigny. Le général de Maud’huy « voulait la Chapelle, » et il avait promis deux croix et dix médailles au corps de cavalerie s’il y entrait. A chaque arrivée d’un officiel’, il attendait un renseignement sur ce point. Tout semblait converger autour de cette position dominante, devenue si célèbre depuis lors.

Pour la faire tomber par le Sud, le général Lanquetot recevait à 16 heures l’ordre de relancer l’attaque des chasseurs sur Carency.

Pour la faire tomber par le Nord, le général Maistre était allé lui-même sur le champ de bataille diriger les opérations de toute la 13e division d’infanterie dans la direction générale de Souchez.

Le général de Maud’huy attachait, en effet, à Souchez une grande importance. Il pensait que l’ennemi ne pourrait tenir dans Souchez à la fois face au Nord et face au Sud, et il avait, en somme, donné Souchez comme objectif d’ensemble au 21e corps. Mais tout échoua…

Le 9 octobre, après avoir donné à l’armée un ordre de défensive générale, sauf au Nord contre Notre-Dame-de-Lorette, le