Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 58.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
comment finit la guerre.

cuter les conditions n’empêchait nullement de reconnaître comme Puissance contractante chacun des États allemands, de prescrire le plébiscite pour la création d’un nouvel État comme la République rhénane ou le rétablissement d’un État ancien comme le Hanovre. Ensuite, les indemnités de guerre à payer et les forces de police à entretenir eussent été réparties entre les États proportionnellement à la population, toute centralisation militaire demeurant interdite. Sauf cette restriction, les Allemagnes se seraient confédérées selon le mode choisi par elles en toute indépendance ; l’identité actuelle entre la Prusse et le Reich aurait disparu, et avec elle se serait éloigné l’orage qui se reforme sans cesse sur la rive droite du Rhin.

On l’a très bien dit : pas de code sans sanction, pas de traité sans garantie d’exécution. Il est bien certain qu’une Allemagne pacifique — et l’Allemagne fédéraliste a toujours été pacifique, — constituait la première des garanties.

Quoi qu’il en soit, cette solution ne fut pas examinée, et, l’annexion de la rive gauche du Rhin ayant été écartée, les plénipotentiaires français, pour assurer la sécurité de la France et de la Belgique et l’exécution du traité de paix, proposèrent à la fin de janvier de fixer au Rhin la frontière occidentale de l’Allemagne, d’y créer un État indépendant dont la garde serait assurée par une force interalliée sous le contrôle de la Société des Nations. La discussion dura jusqu’au 22 avril. La thèse française, très fortement exposée dans des mémoires écrits qui nous restent, fut discutée longuement, tant à la Conférence de la Paix que dans la sous-commission constituée à cette occasion. Le Rhin est redevenu la frontière de la civilisation contre la barbarie ; la France, envahie en 1792, en 1814, 1815, 1870, 1914, réclame la protection d’un rempart solide et une distance appréciable entre elle et l’ennemi toujours renaissant.

L’Angleterre et l’Amérique envisagent avec répugnance l’occupation de la rive gauche du Rhin par les armées alliées et la création d’un État indépendant de l’Allemagne ; elles proposent en échange un désarmement plus complet, et l’alliance militaire contre tout mouvement non provoqué d’agression de la part de l’Allemagne. Finalement il est décidé que les Alliés occuperont pendant quinze ans la rive gauche et les têtes de pont, qu’ils évacueront progressivement par zones en cinq ans si l’Allemagne exécute fidèlement le traité. En revanche, la rive gauche res-