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je devais dire au général Conneau que sa ligne de communication serait par Houdain où il ferait également bien de replier son Quartier général.

Je passai d’abord à 13 heures 10 au poste de commandement du « Pendu » où le général Lanquetot, commandant la 13e division d’infanterie, attendait les résultats de l’attaque des chasseurs. On ne savait rien encore, sinon que les éléments de la division Fayolle qui devaient agir en liaison avec les chasseurs étaient « épuisés. » Pas de nouvelles, mauvaises nouvelles…

Après une demi-heure de vaine attente, je passai prendre la situation à 13 heures 40 à la 1re division de cavalerie au bois de Verdrel et lui apporter quelques renseignements sur l’attaque de la 43e division d’infanterie qu’elle devait particulièrement soutenir « en cherchant à attirer le plus de monde possible au Nord de Carency vers Ablain-Saint-Nazaire. »

J’eus l’impression très nette que les ordres à la cavalerie étaient arrivés trop tard et que, la nuit approchant, il ne fallait décidément pas beaucoup compter sur elle aujourd’hui… Ainsi tombaient à l’eau tous les beaux ordres, toutes les énergiques instructions que j’avais été chargé d’apporter le matin au général Conneau…

Il devait d’ailleurs y avoir d’autres raisons : fatigue, épuisement, armement insuffisant, effectifs fondus. J’allais le savoir.

A 15 heures, je rencontrai le général Conneau à son poste de commandement de Nœux-les-Mines. Je lui exposai ce que j’avais à lui dire de la part du général de Maud’huy ; il me répondit que la 4e division de cavalerie avait déjà reçu l’ordre de se porter vers Pont-à-Vendin à la gauche de la 13e division d’infanterie débouchant de la Bassée sur Liévin ; et il prescrivit, immédiatement le repli de son Quartier général à Houdain. Puis il fit préparer les ordres pour le corps de Mitry en conformité des instructions du général de Maud’huy.

Il m’apprit alors, — cela devenait vraiment amusant, — que nous venions d’intercepter un radiotélégramme allemand de Marwitz à l’Empereur ainsi conçu : « Je renonce à percer, j’ai trop de cavalerie devant moi. » (Ce Marwitz nous renseignait vraiment très bien.)

Las officiers de l’Etat-major du général Conneau m’expliquèrent alors l’état dans lequel se trouvait la cavalerie