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annonçait l’arrivée du général Foch, délégué pour prendre une décision au nom du général Joffre, et approuvait le général de Maud’huy, en attendant, de tenir en faisant appel à tous ses renforts. Ce télégramme nous apprenait enfin que le détachement d’armée du général de Maud’huy était constitué en armée indépendante, sauf en ce qui concernait les services de l’arrière, jusqu’au moment où il pourrait lui être constitué une Direction des Etapes et des Services.

Nous devenions 10e Armée et je croyais pour le lendemain, malgré tout, à ma « situation excellente. »


V. — LA BATAILLE DU 5 OCTOBRE

Hélas ! pour la seconde fois la réalité n’allait pas répondre à ma trop belle confiance, et la journée qui commençait allait être au contraire pour nous lapins tragique de cette longue bataille. Je fus alerté dans la nuit : de graves événements venaient de se produire qui risquaient de transformer notre offensive en un désastre : c’était, cette fois-ci, le fléchissement au Nord d’Arras de toute la gauche du corps provisoire.

Voici comment le général de Maud’huy venait de l’apprendre.

A trois heures du matin, il avait envoyé au général Joffre un télégramme qui concluait par cette impression que, sauf incidents de nuit, il comptait maintenir ses positions et espérait même prendre l’offensive dans l’après-midi ou au plus tard le lendemain matin. Or, à peine ce télégramme était-il expédié, que le général Conneau, commandant le corps de cavalerie, avisait le général de Maud’huy que l’infanterie ennemie venait d’enlever Givenchy à la gauche de la division Fayolle.

Immédiatement, à 3 heures 15, le général de Maud’huy envoyait ce renseignement au général d’Urbal en lui demandant de faire assurer ses positions de ce côté, et il prescrivait aux 1er et 2e corps de cavalerie d’agir contre l’aile droite ennemie.

Mais à 4 heures 45, le général Conneau communiquait de nouveaux renseignements qui signifiaient que tout le front de la division Fayolle venait de craquer et qu’elle avait perdu cette fameuse crête du « Télégraphe, » cette falaise boisée qui forme à l’Est l’extrémité des coteaux d’Artois et domine la plaine de Douai, position jugée la veille « essentielle à fortifier et à