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Au même moment un renseignement du corps provisoire nous apprenait que la division Fayolle avait replié son centre sur Arleux-en-Gohelle et que tout le corps d’armée subissait de très violentes attaques ennemies sur tout son front ; et un autre renseignement des divisions territoriales disait qu’elles avaient évacué Courcelles-le-Comte avant midi et qu’elles s’étaient repliées sur Ayelle et Ablainzevelle. Je rentrai dans la petite maisonnette où les vitres vibraient et où je lus avec émotion un ordre du général de Castelnau daté de Breteuil, 3 octobre, 10 heures 40, et disant que des renseignements sérieux lui avaient fait connaître que l’ennemi avait fait la veille un effort décisif sur tout le front et qu’il était en ce moment à bout de forces ; il y avait lieu de profiter de cet état confirmé par des symptômes indiscutables pour pousser le plus que l’on pourrait.

Je réfléchissais à la singularité de cet ordre reçu en de pareilles circonstances auxquelles il paraissait si étranger, lorsqu’une heure plus tard, et comme pour prouver qu’en dépit des apparences, le général de Castelnau avait raison, voici qu’arrivaient, coup sur coup, dans cette petite maisonnette où battait vraiment le cœur de la bataille : un officier du 10e corps disant qu’un remarquable retour offensif du 60e bataillon de chasseurs avait réussi à reprendre Neuville-Vitasse, et un officier du corps provisoire disant que celui-ci avait repoussé sur tout son front les violentes attaques de l’ennemi.

Ah ! les braves gens !

Alors calmement, au milieu du vacarme du canon, le général de Maud’huy et le lieutenant-colonel des Vallières, assis l’un près de l’autre au coin d’une table, se mirent à rédiger ensemble une instruction particulière au général commandant le 21e corps dont le corps d’armée (43e et 13e divisions) devait débarquer « dans la région de fille » et venait d’être mis par le Grand Quartier Général à la disposition de la Subdivision de Maud’huy au même titre que le 2e corps de cavalerie commandé par le général de Mitry.

Le corps de cavalerie du général de Mitry (4e et 5e divisions de cavalerie) occupait le front Bénifontaine-Lens et combattait en retraite devant une colonne d’infanterie venant de Douai et menaçant la gauche de la division Fayolle.

Le Préfet du Pas-de-Calais signalait que les