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démonstration d’existence. Les adhérents, les encouragements et les fonds ne nous manquent point, mais que peut tout cela contre l’obstination sectaire de la majorité de la Chambre et du Sénat ? En quatre ans de législature ils vont détruire tout un siècle d’histoire, et quand on cherche au profit de quelle cause, ou pourquoi, c’est ce qu’on ne voit pas, puisqu’aussi bien l’ignorent-ils eux-mêmes ! Faut-il donc croire, Monseigneur, qu’à mesure que nous avançons dans la vie, c’est Dieu lui-même qui nous détache des raisons que nous avions de vivre, et qui nous prépare à la mort en nous en rendant l’approche moins redoutable et moins redoutée ? Ce serait une sorte de consolation si nous pouvions le croire en sûreté. Voire Éminence m’y encouragera-t-elle ?

Nos barons Lepic, avec mère, frère et beau-frère se sont embarqués au commencement du présent mois à destination de New-York — et de San Francisco, d’où je ne pense pas qu’on les voie revenir avant le printemps. Ils y trouveront à coup sûr, plus de liberté qu’en France, et des francs-maçons comme en France, mais d’une autre espèce, moins fanatique et plus inoffensive.

Mon ami, le général Frey, qui vient d’être placé à Paris, me prie de le rappeler au souvenir de Votre Éminence ; et moi, si Votre Éminence le permet, je saisis cette occasion de Lui demander, indiscrètement peut-être, mais hardiment tout de même, si Elle ne croit pas que Rome devrait quelque témoignage de satisfaction et d’estime au libérateur du Pétang et de l’évêque de Pékin, en août 1900 ?

Daignez agréer, Monseigneur, en même temps que toutes mes excuses de l’indiscrétion et du retard, l’hommage des sentiments de respect, et si je l’ose dire, d’affection profonde avec lesquels je suis, de Votre Eminence, le très humble et très obéissant serviteur.


Paris, le 3 décembre 1902.
Monseigneur,

En l’absence de notre collaborateur M. Charmes qui s’en va préparer dans son département sa candidature au Sénat, je rédigerai dans le prochain numéro de la Revue la chronique de la quinzaine. Elle roulera pour une partie sur la pétition des évêques de France que le Conseil d’État vient de frapper comme