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l’excuser ? Il le dit lui-même : par de telles chicanes et interminables procédures, ses grands travaux sont étrangement gonds, ou même (puisqu’il parle de les « reprendre ») sont suspendus… Il a hâte d’y revenir. Quand on a dans l’esprit et dans le cœur de réconcilier le Jansénisme avec le Pape et le Roi, l’église protestante avec l’Eglise catholique, il est désobligeant de plaider, trois ans durant, qu’on n’a pis « dérobé M un bénéfice en « celant » et « salant » le cadavre de son ancien évêque[1] .


II. — LA RÉVOLTE DE SAINTE-CLOSSINDE. — LES MISÈRES DU MONACHISME

L’intervention auprès des religieuses de Port-Royal et la négociation avec Paul Ferry sont, entre 1659 et 1670, les deux seuls épisodes de la vie de Bossuet, où sa correspondance nous l’ail montré prenant part, quoique toujours archidiacre, et, ensuite, grand doyen de Metz, aux affaires générales de l’Eglise française. Ce n’est pas à dire qu’en cette période où le gouvernement nouveau se préparait un personnel à son gré, Bossuet n’ait pas eu d’autres occasions de faire ses preuves.

C’est ainsi qu’en 1663, il est mêlé, non seulement par des prédications, mais par une sorte de patronage, à cette grande entreprise de la fondation du séminaire des Missions étrangères, liée aux grandes vues coloniales de Colbert et à ses desseins pour l’expansion de la France dans le monde. — C’est ainsi qu’en 1664-1665, à la Faculté de Théologie, il participe aux censures publiées par la Sorbonne contre des ouvrages ultra-montains ou aux réserves formulées par elle contre une bulle d’Alexandre VII qui condamnait des écrits gallicans[2]. — Dans le même temps, il joue un rôle, et même principal, dans cette réformation du monastère de Sainte-Glossinde de Metz, laquelle, tout en ayant un monastère lorrain pour objet, se rattachait à un ensemble de faits et d’idées. D’aucune de ces trois affaires, sa correspondance ne dit rien[3].

  1. Le procès ne se termina du reste, en 1668, — et ceci prouve que la cause de Bossuet se gâtait, — que par l’intervention amicale de l’abbé Le Tellier, lequel obtint le désistement de Du Laurens en lui cédant un de ses propres bénéfices.
  2. Gérin, Recherches sur l’Assemblée du Clergé de 1682 ; — Documents sur la Société des Missions étrangères, p. 425-426 ; — Eugène Griselle, Quelques documents sur Bossuet, 1899.
  3. En ce qui concerne la dernière, — l’affaire de Sainte-Glossinde dont nous allons parler, — la nouvelle édition qui donne non seulement les lettres écrites par Bossuet, mais celles qui lui sont adressées, aurait peut-être pu accueillir, au moins comme document annexe, la lettre de Louise de Foix publiée par Hoquet, que l’on trouvera plus loin, s’il est absolument sûr qu’elle soit adressée à Bossuet.