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politique mondiale, ni économie mondiale, il peut montrer aux autres peuples comment une grande nation sait mettre en œuvre son talent de construction pour se rénover. Il peut, libéré du militarisme, se consacrer tout entier au progrès social et certainement il saura être novateur et servir d’exemple dans ce domaine… Les meilleurs esprits, les meilleurs chefs de l’Europe nouvelle l’appelleront à eux pour qu’il mette ses grandes forces épurées au service des temps nouveaux. » — Delbrück précisait enfin, dans les Preussische Jahrbücher de mai 1919, l’alliance qui se fait, en Allemagne, entre nationalisme et socialisme, par l’égalisation entre le haut et le bas de la société, surtout par les Conseils d’exploitation qui feront des prolétaires les alliés des patrons contre la socialisation totale. Et le même Delbrück écrivait en août : « Nous ne devons pas perdre de vue que nos seuls alliés dans le monde sont les différentes tendances internationales, pacifistes et social démocrates et, jusqu’à un certain point, l’Eglise catholique. »

Ne nous étonnons pas si le Centre nourrit des rêves analogues. « L’Allemagne, lisions-nous dans la Germania du 8 août, doit se faire dans le monde le champion des grandes idées qui dominent la vie des peuples et qui ont échoué à Versailles. » Est-ce clair ? Et quand le député Fassbender, Geheimrat authentique, publiait dans le Tag un article sur « La Mission de l’Allemagne et l’Idée catholique, » il faisait appel à la bonne volonté de la partie cultivée du catholicisme allemand pour réveiller l’esprit chrétien-national, afin que l’Allemagne fût à la hauteur de sa mission dans le monde. Sur les tendances véritables du Centre, nous avons été fixés par le récent Congrès du parti. Sollicité de droite et de gauche, le Centre hésite. Son alliance avec le socialisme semble pousser vers la droite un nombre toujours plus grand de ses membres. Son alliance avec l’extrême droite demeure possible. Dans la Deutsche Tageszeitung du 7 août, un membre du Centre en montrait la nécessité et en dessinait le programme. « En vertu de sa tradition, disait-il, le Centre ne peut pas être un parti démocratique. Il ne peut être que chrétien-conservateur, c’est-à-dire monarchiste. Le Centre veut devenir un grand parti. Nombre de ses députés, Erzberger en tête, devront quitter le pouvoir. Si 90 p. 100 de ses membres le désirent, le parti opérera sa jonction avec les deux partis d’extrême droite. C’est le vœu des catholiques et