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vouloir d’une paix qui menace les trois éléments sur lesquels se fondait la grandeur de l’Allemagne, comme celle du Saint-Empire : l’unité nationale, la liberté économique et la conscience spirituelle. »

C’est dire qu’en somme il ne faut rien sacrifier de la tradition pangermaniste. Au lendemain de la signature du traité, on souhaite ardemment que le parti populaire allemand et les nationaux allemands fusionnent pour faire au gouvernement actuel une opposition plus systématique et plus efficace. De cette opposition, en effet, peut sortir le réveil de l’esprit national. Puisque les socialistes sont assez nombreux et assez forts pour avoir la majorité quand ils le veulent, en s’unissant au Centre, ou aux démocrates, ou à ces deux partis à la fois, il importe que les partis de droite gagnent des voix. Leur tactique consistera surtout à détacher le Centre du bloc majoritaire. « Au régime actuel, si lamentable et si faible, qui fait ressembler l’Allemagne à une barque sans gouvernail, opposons, disent les pangermanistes impénitents, l’ancien régime. Hermann Müller nous parle d’un renoncement aux méthodes violentes. Exaltons les méthodes et l’idéal de puissance qui furent autrefois les nôtres. La nation les perd de vue. Ce qui, de tout temps, lui a le plus manqué, c’est la foi dans le succès. De là le retard et l’arrêt de son expansion mondiale. De ce point de vue, le peuple allemand est nettement inférieur au peuple anglais. Il n’a pas sa confiance robuste, son optimisme joyeux, son esprit d’entreprise hardi et conquérant. Prenons l’Anglais comme modèle, sans oublier les vertus qu’ont montrées, pendant la guerre, les Français et les Belges. Rééduquons l’Allemagne en orientant ses regards vers l’impérialisme anglo-saxon. »

Dans les Hamburger Nachrichten du 17 juin 1919, on lisait ceci : « Nous devons ranimer la foi dans le succès de notre cause, succès que nous obtiendrons non seulement par une régénération intérieure, mais par la conquête d’une situation extérieure de premier plan, comme première puissance civilisée du monde. Il s’agit bien d’un renouvellement intellectuel et moral ! Il nous faut une Allemagne qui croie au succès, à son succès dans le monde, à sa mission spirituelle, comme Puissance avancée d’une civilisation mondiale. »

« Foin de la démocratie et du socialisme ! Le peuple allemand, pour être à la hauteur de sa mission, doit être conduit