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Cymbales ! des cuirs blancs, une peau de panthère
Qui tout à coup surprend les yeux,
Un luxe de chevaux, un faste militaire
Etourdissant comme un vin vieux,
Et ce cri : « L’Angleterre ! »
Non plus comme au bivac dans sa tenue austère,
Mais comme au jubilé, comme aux fêtes du Roi,
C’est bien elle en effet dans tout son grand arroi.

Lentement, comme un prince après une bataille
Revient vers ses châteaux et ses gazons fleuris,
L’Angleterre poursuit en redressant sa taille
Son chemin triomphal qui passe par Paris.

La soie et le satin frissonnent sur l’épaule,
Des cornettes portant les couleurs des comtés,
Et, là-bas, sur les mers, de l’un à l’autre pôle,
La paix est confondue avec ses volontés.

Les bras ballant de droite à gauche,
Le buste en avant, le teint empourpré,
Le matelot anglais semble un homme qui fauche
Un invisible pré.


* * *


Vingt trompettes nickelées
Entrecroisent leurs éclats
Devant vingt faces brûlées,
Médailles aux durs méplats.

Sous l’uniforme vert-mousse,
Dans cet ouragan de sons,
Ah ! nous te reconnaissons,
Toi, notre sœur fière et douce !

Voilà ton profil hautain,
Voilà tes lèvres prudentes,
Les deux marques évidentes
Du glorieux sang latin.