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Cherchell, les broderies, les cuivres, les céramiques mauresques, jusqu’à l’épée du maréchal Bugeaud.


Pour le centenaire qui s’approche, il faudra restaurer tout cela, le remettre en lumière et en valeur, reprendre aux administrations militaires les palais barbaresques, et notamment ceux de l’Amirauté, — je veux dire du quai de l’Amiral-Pierre, — et qui sont tout désignés pour être des musées d’art local. Cette commémoration ne saurait et ne doit avoir rien de blessant pour les indigènes. Non seulement, en 1830, nous avons fondé une grande chose, initié une œuvre immense, qui engloba une partie du continent africain, mais nous avons libéré les anciens habitants du pays d’une tyrannie et d’une barbarie abominables. Notre armée a été la grande ouvrière de cette libération, et, si elle a été sévère et souvent dure dans la répression, c’est qu’elle s’est trouvée en face d’adversaires dignes d’elle, aussi bien armés qu’elle, et qui se sont vaillamment défendus. Des deux côtés, les fils des vieux combattants peuvent se tendre une main loyale, — et tous les Africains d’aujourd’hui peuvent s’unir à nous pour saluer, dans cette date de 1830, la renaissance de l’Afrique du Nord, sa rentrée dans le grand courant de la civilisation occidentale.


LOUIS BERTRAND.