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SUR LES TERRASSES
DU JARDIN MARENGO

DE L’ALGER DE 1890 Á L’ALGER DE 1830

Mil huit cent trente : la date de la Conquête d’Alger, — et aussi, et sur un autre plan, — de la première représentation d’Hernani, de la fondation de la Revue des Deux Mondes, aïeule toujours jeune des revues françaises, dont Gambetta, en veine de galanterie, disait un jour à François Buloz que c’était « une institution nationale » (et sans doute encore d’autres événements fameux qui m’échappent) — nous voici à la veille de fêter tous ces glorieux centenaires. On ne saurait y penser trop tôt, non seulement pour donner à ces commémorations l’éclat qu’elles méritent, mais pour prendre une conscience plus nette des idées et des résultats qu’elles symbolisent.

Le 5 juillet 1830, le Dey Hussein signait, à El-Biar, la capitulation d’Alger. Au soleil de juillet, ce titre d’un roman célèbre de Paul Adam conviendrait à la plupart des grandes gestes françaises, qui se nimbèrent du flamboiement de thermidor. La suprême splendeur solaire environne ainsi les débuts de notre conquête africaine. En vérité, cette date du 5 juillet 1830 brille d’une gloire insigne dans notre histoire du XIXe siècle. Elle nous fait oublier les tristes anniversaires de toutes nos discordes civiles, qui ont coûté si cher à la patrie : c’est celle de la fondation de notre Empire colonial, non seulement en Afrique, mais dans le reste du monde, — c’est l’avènement de la plus grande France.

Cet élargissement de la Pairie, cette création d’une France