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est entièrement débarquée et la seconde commence à débarquer ce jour-là (22 novembre). Avant la fin du mois, l’effectif français sera complété à 6 divisions.

Hâter l’arrivée du complément des renforts alliés et l’exécution des mouvements préparatoires à la relève d’une partie du front italien, tels sont les derniers soins du général Foch. Ils vont de pair, jusqu’au bout, avec les plus fortes exhortations au Comando-Supremo, afin que la volonté de tenir sur les positions de la Piave, du Grappa et des Sept Communes ne fléchisse sous aucune épreuve.

C’est dans ce sens qu’il s’exprime aussi avec M. Orlando, Président du Conseil, et le général Alfieri, ministre de la Guerre, venus en visite à Padoue ; avec M. Nitti, ministre du Trésor, qui les y a suivis de quelques jours ; avec M. Barrère, notre ambassadeur à Rome, qui vient prendre congé de lui et dont la fermeté, la confiance, l’active et chaleureuse sollicitude ont été constamment, pendant ces dramatiques semaines, à l’unisson des siennes.

L’issue des combats très chauds, qui continuent à se livrer sur le plateau d’Asiago, dans la région du Grappa et du Tomba, ne cesse pas de confirmer le général Foch dans l’idée que l’assaillant ne réussira pas à passer et de lui prouver que les positions italiennes sont vaillamment défendues. Les lignes de la défense viendraient-elles à être entamées sur un point, les divisions alliées, dont cinq seront rassemblées sur la Brenta le 25 novembre, se trouveraient en mesure d’intervenir immédiatement.

Après avoir transmis le commandement supérieur de l’armée française au général Fayolle et lui avoir tracé les directives qui devaient le guider d’ans su tâche, le général Foch, rappelé à Paris, quitte le G. Q. G. italien dans l’après-midi du 23 novembre, non sans avoir adressé au général Diaz l’éloquente lettre qu’on va lire et où se traduit l’esprit dans lequel il avait rempli sa mission :


Excellence,

Au moment où je repars pour Paris, je tiens à vous dire la confiance entière qui m’anime vis-à-vis des armées italiennes. Par votre décision, votre discernement, votre vigilance, votre activité, vous avez fait pénétrer votre volonté dans tous les rangs de l’armée, vous lui avez donné conscience de sa force, et vous l’avez parfaitement adaptée à l’énergique défense du territoire, pour commencer.

Car, avec l’ordre moral, vous avez en même temps rétabli l’ordre