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Garde au Stelvio (3e corps d’armée), 661 bataillons pour les Austro-allemands, dont 493 sur le front des Alpes-Juliennes, 168 dans le Trentin. Sur le front où ses troupes se sont maintenues, au Nord, et où elles arrivent, à l’Est, le général Cadorna a décidé de tenir jusqu’au bout de ses forces ; mais la disproportion de ses forces avec celles de l’adversaire l’inquiète, d’autant plus qu’on lui signale 12 ou 15 divisions allemandes en cours de transport vers son front et destinées, selon ses prévisions, à opérer dans le Trentin.

Sceptique sur la probabilité d’une aussi forte concentration allemande contre l’Italie, le général Robertson constate que, pour le moment, il n’y a que 6 divisions allemandes identifiées avec certitude. Prenant à son tour la parole, le général Foc à commence par discuter le calcul en bataillons, fait par le général Porro, et observe que, les divisions allemandes n’en ayant que 9, le total de 661 bataillons ennemis doit être pratiquement ramené à 500 environ. Puis il élève la discussion et, la faisant sortir des statistiques, il soutient que la question d’effectifs n’est qu’un des aspects du problème. La supériorité numérique permet, dit-il, de résoudre bien des difficultés, mais non pas toutes. La force de la défensive actuelle est un facteur dont il faut tenir compte : et le général Foch en cite des exemples, l’Yser, Verdun, et inversement certaines résistances allemandes contre nos attaques les mieux montées. Dans la guerre actuelle, affirme-t-il, la supériorité numérique ne garantit pas le succès, quand il y a une ligne défensive comme celle de la Piave, telle qu’il n’y a rien à faire pour l’ennemi. Elle est un moyen de battre l’adversaire dans certaines conditions : mais sur la Piave, il l’assure, ces conditions ne se réaliseront pas. L’armée italienne doit pouvoir y tenir, même en étant inférieure en nombre. Une fois bien en main, elle est à même d’y arrêter des forces supérieures. Ce n’est pas à dire qu’elle ne doive y être aidée, efficacement aidée par les Alliés ; mais en aucun cas l’aide ne pourra être une suppléance. Sur l’importance de l’aide, le général Foch ne se prononce pas encore ; il n’avance pas de chiffre. A part lui, il l’admet supérieure au total énoncé par le général Robertson. Mais, précisément parce qu’il ne pourra s’agir, en tout cas, que d’un appoint, si considérable soit-il, le chef d’État-major général français s’attache d’abord à bien établir, aux yeux du Gouvernement et du Commandement italiens, que le salut de l’Italie