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LA FIN D’UNE LÉGENDE


LA MISSION
DU
MARÉCHAL FOCH EN ITALIE
(29 octobre-24 novembre 1917)

Rien n’a la vie plus dure qu’une légende. Il s’en est créé une en Italie, d’après laquelle le maréchal Foch, au lendemain de Caporetto, aurait déconseillé au commandement en chef italien la résistance sur la Piave.

Cette légende n’est pas contemporaine des événements qu’elle travestit. Elle n’a fait son apparition qu’un an plus tard, après la victoire de Vittorio-Veneto.

Sur le moment, en novembre 1917, les Italiens ont eu trop nettement conscience du secours que leur apportaient leurs alliés et du profit dont leur était la présence du grand chef de guerre français, pour songer à méconnaître la part que le maréchal Foch avait prise à leur salut. Il n’en a plus été de même depuis novembre 1918. Le souvenir de Caporetto, du reste trop ressassé dans un certain clan, est naturellement devenu importun aux vainqueurs de Vittorio-Veneto. Comme si la réhabilitation de la victoire, pourtant la meilleure de toutes, ne leur suffisait pas, ils en ont cherché une autre dans l’arrêt de l’offensive ennemie sur la Piave, ce qui était encore strictement leur droit et historiquement juste. Mais