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si certaines polices dépassent la valeur des objets, le contraire est vrai dans beaucoup de cas. En outre, le quart des mobiliers environ n’est pas assuré et plusieurs centaines de sociétés d’assurances mutuelles ne figuraient pas dans la statistique officielle. On doit donc porter ce chapitre à 225 millions au moins.

2o La valeur du sol des villes et des campagnes. — Dans les agglomérations urbaines, cette valeur dépasse souvent celle des constructions édifiées. D’autre part, les terrains qui constituent la périphérie immédiate des cités ont une tendance constante à la hausse, l’extension de ces dernières les transformant en terrains à bâtir. Or, depuis 1871, le nombre des grandes agglomérations n’a cessé de croître en Allemagne : on 1905, sur mille habitants, il y en avait 190 dans des villes de plus de 100 000 âmes, alors qu’en 1871 il n’y en avait que 48, c’est-à-dire quatre fois moins. M. Steinmann Bucher évaluait à 37 milliards le sol des villes de cette catégorie, et à 25 celui des villes a population moindre, au total 62 milliards. Il arrive au même chiffre pour la valeur du sol rural en comptant l’hectare à 1 200 francs, ce qui ne semble pas exagéré.

3o Le capital allemand placé au dehors et les fonds étrangers possédés par les Allemands étaient estimés à 25 milliards. M. Steinmann-Bucher s’appuyait pour justifier ce chiffre sur les travaux de l’office impérial de la marine et ceux de M. Erich Neuhaus, qui, dès 1906, mettait en avant un chiffre de 20 milliards, rapidement accru au cours des années suivantes.

4o Les chemins de fer possédés par les divers États formant l’Empire, notamment la Prusse, les mines domaniales, les bâtiments publics, les ports, les canaux, 42 milliards.

5o Les navires, les marchandises en cours de route sur voies de terre ou d’eau, 5 milliards.

6o Les espèces métalliques, 6 milliards.

L’addition de ces six chapitres donne un total de 445 milliards de francs, auquel un Allemand, il y a huit ans, évaluait la fortune de son pays. Remarquons qu’il ne faisait pas entrer dans ce compte les titres de rente, les fonds publics, ni d’une façon générale, les titres de créances des habitants les uns vis-à-vis des autres. D’une façon générale, on peut dire que cette estimation était modérée. Si quelques éléments de l’actif, comme les navires et les titres étrangers, doivent être actuellement ramenés à des sommes inférieures à celles de 1912, le sol les