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pourparlers relatifs à l’établissement des « formules communes, » à l’étude de l’éventuelle suppression des entraves apportées à la navigation belge par les clauses fluviales de 1839[1].

Ce qu’il y a de certain, c’est que le cabinet de Bruxelles, tout en persistant dans ses réserves générales, consentit à s’associer à la rédaction d’un projet de traité avec la Hollande, au sujet duquel M. Hymans s’exprimait ainsi, dans la séance de la Chambre du 23 décembre 1919 : « Deux négociations parallèles sont engagées. L’une porte sur les questions fluviales, le régime de l’Escaut et le canal Gand-Terneuzen, ainsi que les communications d’Anvers avec l’hinterland du Rhin et de la Meuse. L’autre porte sur les questions de défense et de sécurité. Les négociations relatives aux questions fluviales sont en bonne voie et me font espérer que nous obtiendrons des améliorations appréciables du régime de 1839. »

Le silence du ministre sur le résultat des négociations relatives à la défense et à la sécurité de la Belgique était significatif. On en jugea ainsi dans tout le pays comme à la Chambre. Du moins se plaisait-on à supposer que, sur le terrain économique, les négociateurs belges avaient eu pleine satisfaction en ce qui touche les points essentiels, tels que l’entrée en possession du canal de Gand à Terneuzen, la création de canaux et écluses nécessaires à l’écoulement des eaux de la Flandre, le contrôle de la Belgique sur les travaux et la gestion du canal de la Meuse dans la traversée de Maastricht, la gestion du canal projeté d’Anvers au Rhin et celle des chemins de fer qui doivent être établis dans la poche du Limbourg dit hollandais pour les besoins de la Belgique.

Aussi la déception, — les Belges parlent, cette fois, d’indignation, — fut-elle vive quand on apprit qu’il ne fallait même

  1. L’exposé de la délégation belge à la commission des XIV fait connaître, par exemple, que pour atteindre l’hinterland meusien d’Anvers, les chalands de ce port doivent emprunter le dernier tronçon du canal hollandais de Bois-le-Duc à Maëstricht et le canal (Meuse canalisée) de Maëstricht à Liège. Ce voyage par l’enclave hollandaise — la banlieue Ouest de Maëstricht est hollandaise, en effet, ce qui complique beaucoup les choses — se hérisse de toute sorte de difficultés. Il faut douze jours pour un bateau isolé, qui veut parcourir un trajet de 155 kilomètres. À la fin de mai 1920, 110 bateaux belges étaient arrêtés à la douane néerlandaise et huit jours étaient nécessaires pour franchir l’enclave de Maëstricht. Sans parler de la longueur des formalités douanières, il faut noter les difficultés et retards provenant des écluses, tunnels, croisements laborieux, halages primitifs, etc.