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par exemple, le territoire et les voies ferrées du Limbourg[1] au Nord de Maëstricht, la Hollande serait incapable d’empêcher les colonnes ennemies d’atteindre le territoire belge.

Dès lors, la conclusion s’impose. La sécurité de la Belgique n’est pas assurée ; elle l’est d’autant moins que la Société des Nations n’est pas encore constituée de manière à prévenir une agression et que l’alliance entre l’Amérique, l’Angleterre, la Belgique et la France, contre une Allemagne relapse, n’est pas conclue, toute négociation à ce sujet se trouvant arrêtée du fait des États-Unis.

Voyons maintenant les quatre propositions de M. Hymans[2] :

« 1re  proposition, relative à festuaire de l’Escaut et aux problèmes connexes.

a) Laisser à la Belgique le libre accès à la mer par l’Escaut occidental (estuaire) ainsi que sur toutes ses dépendances, notamment le canal et le chemin de fer de Gand à Terneuzen[3] ; b) faire reconnaître par la Hollande la nécessité pour la Belgique d’appuyer la défense de son territoire à tout le cours du-bas Escaut ; c) donner à la Belgique la gestion des écluses servant à l’écoulement des eaux des Flandres ; d) accorder aux pêcheurs belges de Bouchaute le redressement de leurs griefs. »

« 2e proposition relative aux eaux intermédiaires entre l’Escaut occidental et le Bas-Rhin :

Créer à frais communs, en substitution des voies prévues par le traité de 1839, un canal à grande section Anvers-Moerdijk. »

« 3e proposition, relative au Limbourg hollandais :

Etablir dans ce Limbourg un régime qui garantira la Belgique contre les dangers résultant, pour sa sécurité, de la configuration de ce territoire et qui lui assurera la sauvegarde de ses

  1. Cette hypothèse n’est pas formulée en l’air. Déjà certaines publications de militaires allemands expriment le regret que l’invasion de la Belgique, en 1914, n’ait pas emprunté les voies hollandaises au Nord de Visé et de Maëstricht, et affirment que cette faute ne sera plus commise dans la guerre future. Je reviendrai là-dessus tout à l’heure.
  2. J’en abrège le libellé sans en altérer aucunement le sens. On remarquera d’ailleurs qu’il suffisait de dire, dans le document qui nous occupe : le Thalweg de l’Escaut, depuis la frontière hollando-belge (Doïl-Santoliet) jusqu’à la mer sera la frontière des deux États.
  3. Ce canal, fort important (ainsi que la voie ferrée qui le longe) au point de vue économique, débouche dans l’Escaut au-dessous de la frontière hollando-belge. Il est donc, pour une partie, — 14 kilomètres, — sur le territoire hollandais, servitude fort gênante.