Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 57.djvu/938

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

finances. Sur ce dernier point, le résultat final n’est malheureusement pas encore obtenu. Dans une discussion où le rapporteur général, M. Doumer, et le ministre, M. François-Marsal, ont rivalisé de compétence et de vigueur, le Sénat a achevé de façonner le formidable bloc d’impôts sur lequel doivent être assis nos budgets. Mais il a remanié quelques-uns des articles qu’avait votés la Chambre; il a augmenté certaines taxes comme celles qui frappent le revenu général ou le chiffre d’affaires ; et ces changements ont, par conséquent, rendu nécessaire un va-et-vient de la loi entre les deux assemblées. Souhaitons que l’accord s’établisse sans retard. Pour plusieurs des impôts directs, il est, sans doute, prévu que les dispositions nouvelles prendront, en tout cas, effet à partir du premier janvier dernier; mais pour la grande majorité des taxes et notamment pour toutes les contributions indirectes, il ne peut, bien entendu, y avoir de recouvrement rétroactif et chaque jour qui passe représente, par suite, une lourde perte pour le trésor. Puissent les sénateurs ou les députés qui montent à la tribune ou qui prennent, — habitude nouvelle et terriblement contagieuse, — la parole de leur place, garder les yeux toujours fixés sur les aiguilles de l’horloge et se rappeler ce qu’une minute d’éloquence coûte aux finances publiques! Puissent-ils également se hâter de voter, avec les réductions indispensables, le budget des dépenses! Il n’est que temps de mettre un terme aux prodigalités et de faire passer les économies des programmes dans la réalité. Une Chambre sur qui ne pèse plus le manteau de plomb du scrutin uninominal saura se dégager des petites préoccupations de l’arrondissement et entreprendre enfin, pour le salut du pays, de grandes simplifications administratives.

Quoi qu’il en soit, la maison commence à se reconstruire et nous entrevoyons l’heure où les maçons hisseront sur le faîte le bouquet symbolique. C’est au nom d’une France unie et forte que M. Millerand va pouvoir parler, dans ses conversations avec les Alliés et, s’il y a lieu ensuite, dans ses conversations avec les Allemands. La confiance des Chambres lui a donné, dans ces négociations difficiles, une autorité grandissante et les observations précises qui ont précédé, en particulier, le vote de l’ordre du jour de M. Maurice Colrat, l’amendement qui a été ajouté au texte pour écarter, avec certitude, toute altération du traité, l’éclatante volonté du Parlement de considérer ce traité comme un minimum intangible et de n’en rien céder que contre compensations équitables et garanties positives, tout cela