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Elle se ressent cruellement des pertes humaines occasionnées par les mauvais traitements infligés aux prisonniers, internés civils et déportés. Les Serbes prisonniers en Autriche-Hongrie, en Allemagne, en Bulgarie ont été au nombre de 300 000, les internés et déportés, de 182 000. La moitié a succombé.

Si des personnes, nous passons aux biens, nous trouvons, dans le mémoire soumis par la délégation serbe à la Commission des réparations, les données suivantes. L’agriculture, par suite des dommages causés par l’ennemi aux emblavures, aux vergers, aux vignobles, aux forêts, aux parcs, aux haies, enregistre une perte d’un milliard. Parmi les moyens de communication, les chemins de fer ont subi des dégâts tels qu’on pourrait presque dire que la Serbie n’a pas à réparer ses lignes, mais à refaire son réseau. Les dommages matériels des chemins de fer de l’Etat s’élèvent à 378 millions, ceux des chemins de fer départementaux et privés à 17 millions ; ceux des routes et ports à 719 millions. Mais les dommages indirects sont infiniment supérieurs ; la restauration économique est retardée pour une période indéterminée. Les difficultés de transport amènent la disette, aggravent la cherté de la vie, sont la cause d’un grand nombre de décès provoqués par le manque de vivres. Au chapitre des postes, télégraphes, téléphones, le chiffre est de 47 millions ; à celui de la navigation, flotte marchande fluviale, de 40 millions.

Les dommages causés aux mines se rangent sous quatre rubriques : les installations, les minerais et le charbon extraits par l’ennemi, les redevances non perçues par le gouvernement serbe, les pertes des caisses de secours mutuels des ouvriers mineurs. Les envahisseurs ont poussé l’exploitation des mines à outrance, sans tenir aucun compte des nécessités de l’entretien et ont de ce chef porté une atteinte sérieuse à la valeur des domaines : la valeur de cette extraction s’est approchée de 200 millions de francs.

A la veille de la guerre, la Serbie possédait 544 entreprises industrielles privées, dont le capital était de 134 millions de francs. Il en coûterait 434 millions pour les rétablir aujourd’hui. Les industries d’Etat, arsenal, poudrerie, imprimerie, usine à briquettes, installations par l’imprégnation des traverses de chemins de fer, manufactures des monopoles (tabac, allumettes, papier timbré) ont souffert des pertes d’ensemble 108 millions, les canalisations et aqueducs, de 180 millions.