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l’histoire de la guerre et établi la plus puissante et la plus irréfutable des explications du traité de Versailles. « La justice, écrivait-il, est la seule base possible pour le règlement des comptes de cette terrible guerre. La justice est ce que la Délégation allemande demande et ce que cette Délégation déclare qu’on a promis à l’Allemagne. La justice, l’Allemagne l’aura. Mais il faut que ce soit la justice pour tous. Il faut que ce soit la justice pour les morts, pour les blessés, pour les orphelins, pour tous ceux qui sont en deuil… Il faut que justice soit rendue aux peuples qui chancellent aujourd’hui sous un fardeau de dettes de guerre s’élevant à plus de 750 milliards de francs et qu’ils ont accepté pour sauver la liberté. Il faut que justice soit rendue aux millions d’êtres humains, dont la sauvagerie allemande a pillé et détruit les foyers, la terre, les vaisseaux, les biens. Voilà pourquoi les Puissances alliées et associées ont déclaré avec insistance que l’Allemagne, comme condition primordiale du traité, doit entreprendre une œuvre de réparation jusqu’à l’extrême limite de sa capacité, car la réparation des torts qu’on a causés est l’essence de la justice. »

M. Clemenceau expliquait ensuite la genèse des clauses de réparation, qui limitent la somme payable par l’Allemagne au montant, clairement justifié par les termes de l’armistice, des dommages causés à la population civile des Alliés par l’agression allemande. Le traité a pour but de rendre aussi aisé que possible le payement des réparations auxquelles l’Allemagne est tenue. Les Puissances alliées et associées ont reconnu les avantages qu’il y avait à déterminer le plus tôt possible la somme à payer. Mais cette détermination ne pouvait se faire au moment de la signature du pacte, car l’étendue des dommages et le coût des réparations n’étaient pas encore établis. Les Puissances ont alors consenti à accorder à l’Allemagne toutes facilités nécessaires et raisonnables pour lui permettre de se former une idée d’ensemble des dévastations et dommages et de présenter des propositions dans un délai de quatre mois à dater de la signature du traité, pour le règlement des demandes correspondant à chacune des catégories de dommages dont elle est responsable. Si on était arrivé à un accord, le chiffre dû par l’Allemagne aurait été déterminé ; puisque l’Allemagne n’a pas usé de la faculté qui lui avait été octroyée, dans les délais convenais, les clauses du traité seront exécutées. Or, le lecteur a pu se vendre compte de