Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 57.djvu/524

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
522
revue des deux mondes.

cette partie du front, le charme était rompu et on volait à la victoire.

À partir du 5 novembre, les armées allemandes commencent un vaste repli sur un front de 220 kilomètres. Quelques détachements essaient de retarder l’avance des alliés, mais non de l’arrêter. Sur certains points, elle atteint 20 kilomètres dans une même journée, cavalerie en tête. Le 9, le maréchal Foch télégraphie aux commandants en chef : « L’ennemi, désorganisé par nos attaques répétées, cède sur tout le front. Il importe d’entretenir et de précipiter nos actions. Je fais appel à l’énergie et à l’initiative des commandants en chef et de leurs armées pour rendre décisifs les résultats obtenus. »

Aussi le mouvement se précipite. L’armée Gouraud arrive à Mézières en même temps que l’armée Guillaumat qui est à Charleville ; les Français et les Américains pénètrent ensemble dans Sedan le 10. L’armée Debeney, bousculant toutes les résistances, couvre 16 kilomètres le 9, 8 kilomètres le 10. atteignant la frontière belge, et occupe Chimay. La gauche anglaise arrive à Maubeuge le 9, et le 10 le maréchal Haig reprend Mons où il retrouve les souvenirs de 1914, pendant que l’armée belge entre à Gand.

En Lorraine, les préparatifs de l’offensive s’accélèrent. Le général de Castelnau la commandera avec la 10e armée Mangin, qui comprend 14 divisions, et la 8e armée Gérard, qui appuiera sa droite avec 6 divisions : 8 divisions américaines s’avancent à gauche. De puissantes réserves vont l’alimenter. Le maréchal Foch dispose en effet de 205 divisions (102 françaises, 60 britanniques, 12 belges, 29 américaines, 2 italiennes), dont 103 sont en réserve le 10 novembre. Les armées allemandes n’ont plus que 184 divisions, dont 17 seulement en réserve, et incapables de se porter à temps sur le front lorrain, faute de voies ferrées. Déjà les Allemands ont commencé l’évacuation de Metz et de Thionville, se sentant incapables de défendre le formidable camp retranché. L’attaque ne trouvera devant elle que des divisions de secteur démoralisées à l’avance et qu’aucune troupe ne pourra secourir. Les divisions du front sont arrivées à l’épuisement presque total et ne tiennent que par places, sous la volonté de quelques hommes énergiques. Certaines ont un effectif inférieur à 1 000 hommes. Depuis le 18 juillet, les armées allemandes ont perdu 7 990 officiers et 354 000 hommes prisonniers,