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comment finit la guerre.



Malgré la tenace résistance qu’il rencontrait sur certains points, le maréchal Foch avait senti que l’usure des armées allemandes était proche de l’épuisement. Il ne s’agit plus maintenant d’actions locales ayant chacune son objectif déterminé et se développant ensuite suivant les circonstances de la bataille. C’est l’offensive générale qu’il ordonne de la Meuse à la mer du Nord, sur un front à peu près ininterrompu. Tout d’abord, la ligne Hindenburg est attaquée vers Cambrai par les armées Horne et Byng le 27. Le 29, la 4e armée Rawlinson étaie la progression de leur droite, en même temps que la 1re armée française Debeney encercle Saint-Quentin. Les premiers jours de cette offensive heureuse enlèvent à l’ennemi plus de 40 000 prisonniers et de 500 canons.

Plus au nord, le groupe d’armées des Flandres vient d’être constitué sous le commandement du roi Albert, avec l’armée belge, la 2e armée britannique du général Plumer et la 6e armée française du général Dégoutte. Elle a pour mission de briser le front ennemi et de s’avancer jusqu’à la frontière hollandaise. Le 28, elle attaque au sud de Dixmude et emporte la première position allemande sur un front de 20 kilomètres, s’emparant de la fameuse forêt d’Houthulst ; elle poursuit ses succès le 29. Mais la pluie, détrempant le sol spongieux des Flandres, ralentit cette progression et finit par l’arrêter momentanément. Elle avait enlevé à l’ennemi 11 000 prisonniers et 350 canons, et lui avait montré les divisions belges instruites, solides, braves, résolues à reconquérir leur pays.

Au centre de l’immense ligne, la 10e armée Mangin continuait sa pression. Le 29, bousculant l’ennemi qui battait en retraite, elle atteignait l’Ailette et, faisant de nouveau front à droite, menaçait vers l’est le Chemin des Dames. À sa droite la 5e armée Berthelot progresse et occupe le terrain entre la Vesle et l’Aisne ; la 4e armée, à laquelle le général Gouraud a assuré, par des actions locales, une nouvelle base de départ, attaque de nouveau sur tout son front et vient à bout de l’énergique résistance des Allemands. Le 6, les 5e et 4e armées atteignent toute la Suippe. La pression est générale et continue. Le 12, Vouziers est enlevé, pendant que l’armée américaine, ayant complètement nettoyé l’Argonne, va donner la main, par le col de Grandpré, à la droite de la 4e armée française.