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comment finit la guerre.

légers, et ne s’arrête qu’après avoir gagné 9 kilomètres de terrain, capturant 13 000 prisonniers. La première armée française Debeney part une heure après elle, sur un front de 7 kilomètres, à droite de Rawlinson, jusqu’à Moreuil. L’avance française rejoint les Britanniques dans leur marche foudroyante, mais en même temps le front de l’attaque s’étend et déborde Montdidier par le Nord. Le 9, la progression des deux armées continue sous les ordres du maréchal Haig, sur tout le plateau du Santerre. Elles ont capturé 24 000 prisonniers et près de 300 canons ; dès le 10, la progression est ralentie ; la lutte est très rude à la droite de la 1re armée française, qui doit être renforcée ; mais, en même temps, la 3e armée Humbert attaque par sa gauche et menace les arrières de la nouvelle ligne ennemie, qui doit céder de nouveau. Pourtant, à partir du 12, les renforts allemands sont arrivés et défendent le terrain pied à pied. À partir du 14, le maréchal Haig suspend ses attaques sur ce terrain, se proposant de reprendre l’offensive sur l’Ancre vers le 20.

Le maréchal Foch avait escompté une progression plus considérable des armées britanniques et de la 3e armée française. À partir du 10, la 10e armée était prête à déboucher au Nord de l’Aisne sur la rive gauche de l’Oise et à étayer la progression de la 3e armée en se portant vers la route Soissons-Chauny. Sur ce front, l’ennemi disposait de fortifications anciennes, nouvellement réorganisées, et il s’était renforcé de deux divisions, en gardant dans la vallée de l’Ailette des divisions d’intervention.

Les moyens mis à la disposition de la 10e armée, largement suffisants pour lui permettre de jouer sa partie dans l’ensemble de la bataille, l’étaient-ils pour une action isolée ? Le commandant du groupe d’armées ne le pensait point, et il le dit au général Mangin en conférant avec lui le 16 au château de Versigny. Mais il lui communiquait en même temps une question précise du maréchal Foch : À quelle date la 10e armée pourra-t-elle commencer son attaque ? Le général Mangin, profondément convaincu qu’il fallait avant tout assurer la continuité de l’offensive et la concordance avec l’attaque britannique du 20, demande à fixer à cette date l’action de son armée. Devant son front, l’ennemi avait placé sa ligne principale de résistance à une distance de la première tranchée qui variait entre 2 et 3 kilomètres. Cette disposition avait permis à l’armée Gouraud sa victorieuse défense du 15 juillet, et de nombreux prisonniers