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comment finit la guerre.

échappé, et il ose écrire : « Les six divisions américaines qui avaient pris part à la bataille avaient particulièrement souffert sans obtenir de résultat. » Enfin, les raisons qu’il donne pour renoncer à l’offensive des Flandres sont d’une étonnante indigence : « Il y avait toutes les chances pour que l’ennemi y fût préparé. S’il s’esquivait, comme à l’est de Reims, nous ne pouvions pas obtenir de décision. S’il résistait, ses réserves nombreuses étaient en mesure de nous arrêter, comme les 10 et 11 juin, en direction de Compiègne. » Ludendorff parait admettre que le fait d’établir une zone de couverture en avant d’une position à défendre la rend inexpugnable. Son moral est atteint aussi grièvement que celui de ses troupes.

Il représente son repli comme parfaitement ordonné et se félicite de le voir s’exécuter à l’heure prescrite ; mais, le 31 juillet, la division d’Ersatz de la garde, qui était très bonne, fut engagée tout entière, sur trois points différents, pour essayer de garder la crête du Grand-Rozoy dont la défense mollissait, et elle fut entraînée dès le lendemain dans le recul général, après de lourdes pertes ; il est donc bien certain que le général commandant l’armée voulait conserver à tout prix cette position beaucoup plus longtemps, et les prises des Français montrent assez la hâte de la retraite.


Le général Foch avait été fait maréchal de France le 7 août ; mais il n’avait pas attendu ce témoignage de la reconnaissance française pour constater la victoire et en déduire toutes les conséquences. Dès le 24 juillet, il avait réuni à son quartier général le maréchal sir Douglas Haig, le général Pétain, le général Pershing, et il leur avait communiqué et commenté un mémoire qui, faisant état des résultats obtenus et de ceux qu’il escomptait, traçait le programme des opérations futures. Il constate le renversement de la situation au profit des alliés : ils viennent de prendre l’ascendant moral, et les renforts américains, qui débarquent au taux de 250 000 hommes par mois, vont leur donner la supériorité matérielle. Le moment est enfin venu de passer à une offensive sans répit. Cinq opérations successives, menées à court intervalle, vont désorganiser les armées allemandes, troubler le jeu de leurs réserves, leur enlever le temps de recompléter leurs unités. À chacune de ces opérations