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prescrivait à l’armée française, dans sa directive n° 2, d’étudier un plan d’attaque dans la région de Montdidier pendant que l’armée britannique attaquerait à cheval sur la Somme, gardant une attitude défensive entre Albert et Amiens. Il veut, selon une expression souvent répétée, arracher à l’ennemi l’initiative des opérations. L’action doit commencer le plus tôt possible, et le 8 il en règle les détails avec le maréchal sir Douglas Haig. Mais le lendemain le front anglais des Flandres était attaqué et défoncé.


Les beaux jours sont revenus et le soleil du printemps a séché en partie la plaine marécageuse de la Lys. Ludendorff a pu revenir à son idée d’offensive dans les Flandres : « Stratégiquement, l’attaque au nord était avantageuse en ce qu’elle permettait d’atteindre un raccourcissement du front, si on réussissait à enlever Calais et Boulogne. » Et aussi d’y établir des bases sous-marines et aériennes et de bombarder Londres avec les nouveaux canons de Krupp. Tactiquement, il était immédiatement très avantageux de faire sauter le saillant d’Ypres et de s’emparer des petites collines qui, sous le nom de monts des Flandres, dominaient au loin toute la plaine et donnaient d’excellents observatoires d’artillerie, dont l’importance s’est accrue avec la portée des canons.

Le 9 avril, au petit jour, l’attaque commença au nord-est de Béthune sur le front de deux divisions portugaises, dont la relève était prévue pour le lendemain. Après un bombardement furieux de deux heures, la VIe armée von Quast traversa leur ligne et progressa de 8 kilomètres. Elle devait se rabattre à droite vers Béthune, mais elle ne put vaincre dans cette direction la magnifique résistance de la 53e division britannique ; à gauche, vers Armentières, la progression se poursuivait, ralentie par les nids de mitrailleuses. Le 10, l’attaque s’étendait jusqu’au sud du saillant d’Ypres ; la 1re armée britannique Horne et la 2e armée Plumer étaient aux prises avec la VIe armée von Quast et la IVe von Arnim, qui progressaient. Le 11, Armentières et les positions de Messines tombaient.

Le général Foch aurait voulu soutenir les Anglais en mettant à exécution le projet d’attaque sur le front Demuin-Moreuil-Montdidier. Mais le maréchal Haig croyait toutes ses forces