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c’est-à-dire de l’autoriser à envoyer demain dans les pays qu’elle a ruinés », des experts, des ingénieurs, des commissions d’enquête, qui viendraient vérifier, en présence de leurs victimes, l’importance des dommages et mesurer librement l’étendue du mal qu’ils ont causé?

Déjà, dans les quatre mois qui ont suivi la mise en vigueur du traité, ces « facilités nécessaires et raisonnables » n’auraient pas été sans présenter de graves inconvénients et sans risquer de provoquer des incidents regrettables. Mais aujourd’hui qu’un plus grand nombre de réfugiés sont rentrés dans leurs communes libérées et que, sur plusieurs points, les restaurations sont déjà commencées, voit-on l’Allemagne venir procéder elle-même, dans une contrée qui ressuscite péniblement, à des évaluations d’ensemble qui entraîneraient un séjour prolongé de ses agents et, sans doute, des discussions pénibles? Il est difficile d’expliquer comment le Conseil suprême ne s’est pas fait à lui-même toutes ces objections, lorsqu’il a voulu imposer au gouvernement français la réouverture d’une procédure exceptionnelle, dont l’Allemagne avait sciemment abandonné le bénéfice et dont nous ne saurions trop nous féliciter d’être débarrassés.

Mais il paraît que l’Allemagne serait aujourd’hui tentée de reprendre, au moins, avec le consentement des Alliés, quelques-uns des avantages que le mémoire du 16 juin lui reconnaissait pour cette période de quatre mois. Il était dit que l’Allemagne pourrait offrir, soit, d’effectuer en tout ou en partie, par ses propres moyens, la restauration d’un des secteurs dévastés, soit de réparer certaines catégories de dommages. L’Allemagne était, en d’autres termes libre de nous proposer de reconstruire un groupe de communes, ou de rétablir des routes, ou de refaire des ponts, ou de remettre des canaux en état, et nous nous engagions à examiner toutes ces propositions « sérieusement et loyalement. » De plus, l’Allemagne avait le droit de nous offrir, en vue de l’exécution des travaux nécessaires, et même si ce n’était pas elle qui les exécutait, de la main-d’œuvre, des matériaux ou des services de techniciens. Des industriels allemands voudraient aujourd’hui, avec le concours de la Nationalbank, revenir à certains articles de ce programme. Ils ont constitué un consortium qui projette, par exemple, de racheter, en grandes quantités, le matériel de guerre qui doit être livré à l’Entente ou détruit, et de le transformer intégralement, en machines, appareils et produits fabriqués, destinés au relèvement de nos provinces du