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pour la session des Conseils généraux, des hommes qui touchent de très près au peuple, cultivateurs, médecins ou notaires de campagne, industriels, maires de villages, et ils se sont mis ardemment à la tâche au moment même où une oligarchie ouvrière croyait devoir décréter, contrairement au vœu de l’immense majorité des intéressés, la cessation immédiate du travail.

Certes, dans le cadre étroit de nos départements, les Conseils généraux sont condamnés à une vie un peu végétative et, de leurs fenêtres grillagées, ils n’ont guère d’échappées sur les grandes affaires nationales. La forme arbitraire de nos circonscriptions administratives et les prescriptions restrictives de la loi de 1871 leur laissent peu d’aliments et peu de liberté. Dans les limites de leurs attributions légales, ils rendent cependant de précieux services au pays et ils interprètent, d’ordinaire, avec intelligence et fidélité, la moyenne de l’opinion publique. À une immense majorité, ils ont protesté contre toutes tentatives révolutionnaires, dénoncé le péril des grèves politiques, et encouragé le gouvernement à ne pas fléchir dans l’accomplissement de son devoir essentiel, qui est le maintien de l’ordre. Les assemblées départementales des régions libérées se sont montrées particulièrement empressées à réclamer la protection du travail et le développement de la production. Elles ont elles-mêmes donné l’exemple en se mettant passionnément à la besogne et, aussi bien, quel formidable programme de restauration n’ont-elles pas à exécuter ! Aider les communes à reconstruire leurs écoles et leurs églises, remettre en état un réseau vicinal bouleversé, subvenir aux besoins décuplés des services d’assistance, donner aux fonctionnaires départementaux des traitements qui correspondent à peu près à ceux que touchent désormais les fonctionnaires de l’État et pourvoir à toutes ces dépenses avec des ressources appauvries, avec un centime dont l’exil des habitants et la destruction des villages ont diminué d’un tiers ou de moitié la valeur d’avant-guerre, c’est un problème qui ressemble un peu à la quadrature du cercle et qui pourtant ne décourage aucune bonne volonté.

À l’heure où les Conseils généraux remplissent ainsi leur mission patriotique dans une atmosphère de calme que ne troublent pis les échos lointains des grèves, quelques agitateurs font des efforts désespérés pour paralyser la vie publique, et la Confédération générale du travail elle-même, souvent mieux inspirée, se laisse entraîner à suivre le mouvement qu’elle n’a pas su ou qu’elle n’a pas voulu enrayer. J’ai vu l’accueil fait aux injonctions des meneurs par de