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LA
POÉSIE DE RUDYARD KIPLING

III [1]


V
LES CHANSONS. — « LA TERRE ET LES MORTS »

A trop insister sur les graves dessous pratiques et religieux de cette poésie, on risquerait d’en donner une fausse idée. Sans doute, là est le fonds qui la nourrit et qu’il importe de connaître, car le même terrain est général à toute la culture anglaise. Mais c’est chose terne qu’un terrain, et cette poésie est diverse, multicolore comme les floraisons qui, au cours des saisons, naissent miraculeusement d’une glaise.

Comment dire cette variété où les éclats de l’Orient alternent avec les nuances les plus intimes et voilées de notre Nord ? On en prend idée si l’on feuillette le volume intitulé : Songs from Books. Nous ne sommes pas là devant des parterres ordonnés par espèces, couleurs, et qui présentent les rêves et modes successifs d’un poète, mais devant les foisons spontanément apparues de l’avril au septembre d’une vie. Mais en septembre les fleurs ne sont pas finies : on peut attendre les plus exquises roses.

Les chansons que réunit ce livre sont d’espèce à part. On

  1. Voyez la Revue des 15 avril et 1er mai.