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à la population civile des Alliés et à ses propriétés par l’agression germanique sur terre, sur mer, et par la voie de l’air. » Ludendorff, dans ses Mémoires, écrit ce qui suit : « Le 23 ou le 24 octobre 1918, arriva la réponse énergique que Wilson faisait à notre note piteuse. Il exposait cette fois clairement que les conditions de l’armistice devaient être de nature à empêcher l’Allemagne de reprendre les hostilités et à donner aux Puissances alliées le pouvoir de régler elles-mêmes les détails de la paix acceptée par l’Allemagne. Dès lors, nous n’avions plus, selon moi, qu’à continuer la lutte. » Hindenburg pensait de même ; le 24 au soir, il signait l’ordre du jour suivant destiné aux armées : « Wilson ne négociera avec l’Allemagne que si elle accepte toutes les demandes des alliés de l’Amérique en ce qui concerne son organisation intérieure. La réponse de Wilson constitue en réalité une demande de reddition sans condition. Elle est inacceptable pour des soldats ; il ne nous reste qu’à résister de toutes nos forces. » Cet ordre de Hindenburg n’a jamais été publié. Lui et Ludendorff se retiraient le 21 octobre Le Gouvernement allemand acceptait alors les conditions posées par la communication du président Wilson du 23, et déclarait : « Nous attendons une proposition d’armistice, qui sera le premier pas vers la juste paix annoncée par la proclamation du président. » Il se réservait donc le droit de rejeter, les termes de l’armistice, s’ils ne lui paraissaient pas conformes à ce desideratum. Les armées continuèrent à se battre. Le 8 novembre, le texte de l’armistice fut remis aux Allemands : il était extrêmement développé, beaucoup plus étendu que ne le sont en général des documents de ce genre, et indiquait clairement quelles seraient les conditions de la paix. Les Allemands avaient soixante-douze heures pour étudier la proposition et étaient libres de la rejeter. Le 11 novembre, à 5 heures du matin, ils l’acceptèrent. Il est donc bien évident que c’est dans les termes seuls de l’armistice, et non ailleurs, qu’il convient de chercher les bases de la paix. Or, nous l’avons vu, le président Wilson lui-même estime que cette paix qu’il a signée et dont il a vainement demandé la ratification au Sénat américain, est non seulement conforme aux stipulations de l’armistice, mais même à celles de son premier message des quatorze points.

Continuons l’analyse du réquisitoire. Le traité vise, parait-il, la destruction systématique de l’Allemagne : il lui prend ses