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comment finit la guerre.

prenait à la 6e armée Mangin toute l’artillerie d’un corps d’armée, puis trois groupes de 155, et dans la soirée il lui enlevait toutes ses réserves et il réduisait beaucoup son ravitaillement en munitions. Le 17 dans la matinée, le général Nivelle venait au quartier général du groupe d’armées, où il était insuffisamment renseigné sur la situation, et y prenait la décision d’arrêter les attaques de la 6e armée vers le Nord et de pousser au contraire celles de la 5e armée vers le Nord-Est. Cet ordre fut heureusement transmis avec quelque retard et, dans la journée du 17, l’attaque continuait activement au centre de l’armée Mangin, avec une progression très notable sur le front Braye-en-Laonnois-Ostel.

Comme la pression continuait sur le front Vauxaillon-Laffaux, les Allemands ne pouvaient plus tenir dans la mâchoire qui se resserrait et ils cédaient du terrain. Or, l’ordre du général Nivelle commençait ainsi : « 1° La bataille engagée hier a nettement montré l’intention qu’a l’ennemi de tenir ferme sur le front de la 6e armée et de rendre par suite difficiles et coûteux les progrès de votre groupe d’armées vers le Nord… » La situation ayant changé, le général Mangin donna des ordres pour une poursuite vigoureuse, qui bouscula l’ennemi en lui causant de fortes pertes, et le général en chef l’approuva le lendemain. Le fort de Condé fut occupé le soir même. En même temps, une progression très lente continuait sur le Chemin des Dames.

Dès le 17, la 4e armée Anthoine, du groupe d’armées Pétain, avait attaqué le massif de Moronvillers et enlevé des positions importantes. Les contre-attaques ennemies furent brisées le 19, et de très beaux observatoires d’artillerie restaient entre les mains des Français. C’était un succès limité, mais très appréciable.

Du 16 au 20, l’offensive française avait capturé 21 000 prisonniers et 183 canons ; elle avait peu progressé, mais l’avance de 6 à 7 kilomètres sur le front de l’Aisne de 12 kilomètres enlevait aux Allemands, avec le fort de Condé, une douzaine de villages et tous les observatoires qui donnaient des vues sur la vallée de l’Aisne. La voie ferrée de Soissons à Reims était dégagée. Enfin l’évacuation de Laon commençait. Le moral restait bon sur le front, excellent à la 6e armée, et les efforts de la propagande défaitiste, très nuisibles à l’intérieur