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comment finit la guerre.

Les 9 et 10 avril, les deux premières lignes allemandes furent enlevées ; le corps canadien emporta l’importante crête de Vimy. En un jour, l’armée britannique capturait 11 000 prisonniers, 100 canons et un matériel considérable, et conquérait quatre fois autant de terrain que l’année précédente sur la Somme, avec des pertes moindres de 50 à 75 pour 100.

Les 11 et 12, les troisièmes positions étaient entamées sur certains points, bien qu’elles ne fussent détruites que très imparfaitement. Le général Allenby perça le long de la Scarpe, déploya sa cavalerie en éventail sur les derrières de l’ennemi, afin d’investir le bastion de Monchy. Arrêtée par les mitrailleuses dans sa progression, cette cavalerie put néanmoins enlever le village. La lutte fut particulièrement vive autour de Bullecourt ; le 13 et le 14, Givenchy-en-Gohelle, le village au pied de la falaise de Vimy, Angles et Liévin étaient emportés, Lens encerclé.

Le butin était à cette date de 14 000 prisonniers et 104 canons, et la lutte continuait.

Il est intéressant de constater la vision du haut commandement allemand sur ces opérations.

Les armées allemandes étaient préparées uniquement à la bataille défensive, qui prévoyait une résistance élastique, avec peu de densité dans la première ligne ; sur de nombreux points en arrière du front, des divisions dites d’intervention étaient prêtes à contre-attaquer. « Le 9, dit Ludendorff dans ses Souvenirs de guerre, quelques-unes de nos divisions de première ligne furent culbutées. Les divisions voisines, en s’accrochant, subirent de fortes pertes. L’ennemi réussit, aux premières heures de la matinée, à pénétrer dans notre position d’artillerie, et à conquérir les hauteurs qui dominaient le terrain, bien loin vers l’Est… La situation était extrêmement critique et pouvait devenir dangereuse pour l’ensemble, au cas où l’ennemi poursuivrait son action. Mais les Anglais se contentèrent de leur grand succès et, tout au moins le 9 avril, ne continuèrent pas leur attaque…

« Ce 10 avril et les jours suivants furent des jours critiques. On ne réussit pas sans effort à boucher une brèche de 12 à 13 kilomètres de large sur 6 kilomètres et plus de profondeur. C’est une grosse dépense qui vient s’ajouter aux pertes considérables en hommes, canons et munitions qu’entraîne une pa-