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Pour les hommes passés en Bohême, j’entrai en relations avec Prague. Les autorités tchèques, puis les autorités françaises qui arrivèrent, assurèrent l’évacuation.

Restaient les hommes des détachements de travailleurs ayant manqué les départs soit par insouciance, soit parce qu’ils s’étaient attardés dans leurs villages pour ne pas rentrer trop tôt dans des camps encombrés et objets d’horreur pour eux. Une révision des détachements, au moins des plus importants, par les officiers et les médecins des camps, des avis dans la presse, des menaces de punition contre les employeurs qui les auraient retenus ou ne les auraient pas avertis, permirent de les rassembler. Deux camps furent désignés à cet effet, et leur expédition eut lieu le 27 janvier. Le nombre n’était que de 30 ; beaucoup avaient été rapatriés directement par Cologne.

Dans la nuit du 24 au 25, le recensement prescrit aux Allemands ne comprenait plus que les 77 malades intransportables et les restants volontaires. Ces derniers étaient au nombre de plusieurs centaines. Tous ceux que les officiers avaient pu voir au cours de leurs tournées avaient été avisés que ce refus de rentrer constituait une désertion, et cette mesure a contribué à en réduire sensiblement le nombre. Mais comme j’étais certain que tous n’avaient pas été touchés, je fis imprimer un avis que tous les hommes de cette catégorie durent me retourner après émargement. Entre temps, le gouvernement allemand m’avait remis une déclaration officielle qu’il n’y avait plus un seul prisonnier retenu en prison depuis l’armistice.

Et c’était exact. Lorsque je quittai Berlin, un an après, le 1er février 1920, pas un homme n’avait été trouvé qui eût été retenu par force. Les quelques exceptions que la presse signala dans le courant de 1919 étaient toutes le fait d’imposteurs.

Et pourtant ce n’est pas faute d’avoir cherché. Toutes les pistes qui nous ont été signalées ont été suivies. Toutes les histoires les plus extravagantes ont été écoutées et tirées au clair. Nous avons pénétré partout où nous avons voulu. Des officiers répartis sur toute l’Allemagne exploraient systématiquement partout. Ils fonctionnent encore en 1920. Leur œuvre a été féconde. Ils retrouvent des tombes, précisent des états civils, entretiennent les cimetières.

Est-ce à dire qu’il n’y a plus d’anciens prisonniers en Allemagne ? Oui, il y a encore quelques restants volontaires que